Blagues graveleuses, discrimination, harcèlement... Bienvenue dans le monde des hôtesses d'accueil

Le Paris Motor Show, en septembre 2016, à Paris
Le Paris Motor Show, en septembre 2016, à Paris

Avec le hashtag #PasTaPotiche, les hôtesses d’accueil font leur #MeToo et dénoncent le sexisme, les discriminations et des conditions de travail dégradantes liées à ce métier.

Tout est parti du Tour de France, cet été. Depuis des années, à chaque fin d’étape, des hôtesses font la bise aux vainqueurs, sur le podium. Une “tradition sexiste” dénoncée par des militantes féministes, qui donne lieu à une pétition qui récolte plus de 30 000 signatures.

Une polémique qui sert de déclic, dans la tête d’Alice*. Hôtesse depuis plusieurs années, elle décide de lancer le #PasTaPotiche sur Twitter. “On nous prend pour des potiches. Je n’ai pas signé pour faire plante verte et passer mon temps à ce qu’on me demande mon numéro”.

Le #MeToo des hôtesses d’accueil

Alice commence à raconter son quotidien d’hôtesse. “Parfois, j’ai l’impression d’être hôtesse pour attirer le regard des hommes c’est très dégradant”. À la suite de ces messages, les réactions s’enchaînent. “Je me suis pris un torrent d’insultes, on me disait que je mentais, j’ai alors compris qu’il y avait besoin de libérer la parole dans ce milieu encore très conservateur et de ne pas en parler qu’entre hôtesses”.

À la manière de #MeToo, des dizaines d’hôtesses ont, depuis, livré leur témoignage, anonymement, sous le hashtag #PasTaPotiche et racontent la discrimination, les conditions de travail difficiles, les blagues graveleuses, voire les attouchements.

Une caméra bricolée pour filmer sous les jupes

Les salons automobiles sont, selon les témoignages récoltés par Alice, parmi les événements les plus compliqués pour les hôtesses. “C’est un milieu qui est connu pour les remarques sexistes. C’est pour cela que je n’ai jamais voulu y travailler, je n’arriverais pas à garder mon calme”, nous confie-t-elle.

Sous le #PasTaPotiche, plusieurs hôtesses témoignent, anonymement, de leurs expériences au sein de ces salons autos.

À cela s’ajoute des réflexions quasi-quotidiennes. “Une hôtesse positionnée à côté d’une voiture entendra souvent ‘vous êtes vendue avec ?’”, ajoute Alice. “Ils savent que l’on doit rester polies, sourire, donc c’est délicat pour une hôtesse d’éconduire. Et certains en profitent”.

“Le milieu sportif ? La drague lourde, les mains aux fesses”

Mais le salon de l’Automobile est loin d’être un cas isolé. Monde de l’entreprise, milieu sportif, concerts, les témoignages d’hôtesses concernent l’ensemble des milieux.

En 6 ans, Alice a été hôtesse dans plusieurs de ces domaines. “Le milieu sportif, c’est souvent la drague, lourde, et les mains aux fesses. J’ai été victime d’une agression sexuelle par un grand patron, dans le milieu du sport. Lors d’un événement, il m’a touché les seins, m’a obligée à danser. Je l’ai signalé à mon agence. On m’a répondu que cette personne s’en était déjà prise à d’autres hôtesses, mais qu’on ne pouvait rien faire car c’était un ‘gros contrat’”.

Au harcèlement, aux blagues douteuses et aux agressions sexuelles, s’ajoutent des problèmes de discrimination, comme le révèlent anonymement des hôtesses.

Discrimination et mépris social

Des hôtesses dénoncent également le mépris social de leur profession, dont elles sont victimes.

Après la multiplication des témoignages, Alice lance une pétition, qui s’adresse directement à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

En une semaine, le texte dépasse les 20 000 signatures. “C’est l’un des derniers métiers avec une si forte trace du patriarcat”, dénonce Alice qui demande à la ministre du Travail de “mettre fin au sexisme récurrent” dans la profession. Ni Muriel Pénicaud, ni le gouvernement n’ont encore réagi à cette pétition.

* Le prénom a été modifié