Pass'Sport, Mbappé, Zidane, violence dans les stades: Emmanuel Macron se livre sur le sport sur RMC

Emmanuel Macron à l'inauguration d'un dojo, à Clichy-sous-Bois le 8 juin 2022 - CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP
Emmanuel Macron à l'inauguration d'un dojo, à Clichy-sous-Bois le 8 juin 2022 - CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP

Emmanuel Macron s'est rendu ce mercredi 8 juin à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour annoncer l'extension du Pass'Sport aux étudiants boursiers. Environ 800.000 jeunes supplémentaires sont désormais éligibles à cette allocation de 50 euros pour l'acquisition d'une licence sportive. À l'occasion de ce déplacement organisé à quatre jours du premier tour des élections législatives, le président de la République a en outre inauguré un "dojo solidaire", qui s'inscrit dans le plan d'aménagement de 5.000 équipements sportifs de proximité annoncé en octobre dernier en vue des JO 2024. Il a ensuite répondu aux questions de RMC Sport.

RMC Sport: C'était important d'être ici, à Clichy-sous-Bois, pour présenter ce Pass'Sport avec les nouveautés pour les boursiers?

Emmanuel Macron: C'était important, avec Madame la ministre des Sports, d'être ici à Clichy, qui est une ville engagée sur le sport et auprès de grandes disciplines, le judo et le breakdance. Le judo est la fédération qui nous a proposé beaucoup de projets aussi. On est ici pour faire un point et faire évoluer le Pass'Sport. On l'a créé il y a maintenant plus d'un an. Il a permis d'accompagner un million de familles et donc de jeunes pour l'accès au sport. Jusqu'à présent, on accompagnait les moins de 18 ans, des jeunes de familles modestes. Ce sont les familles qui ont accès à l'allocation de rentrée scolaire, à l'allocation adultes handicapés ou à nos principales aides qui sont sous condition de ressources. Là, on accompagne les personnes jusqu'à 30 ans. Ce dispositif a très bien décollé, on en a accompagné un million.

Mais on peut faire plus. On a environ 5,5 millions de personnes concernées par ces politiques. Le judo est un très bon exemple: à 18 ans, ça décroche. Pourquoi? Lorsque vous sortez de ces dispositifs, bien souvent les étudiants ont déjà beaucoup de préoccupations et souvent peu de moyens pour se financer une licence ou l'accès à un sport. C'est pourquoi on a décidé non seulement de continuer avec le Pass'Sport, mais on va le compléter sur les étudiants boursiers de plus de 18 ans et aussi d'autres étudiants modestes. On va donc ouvrir le Pass'Sport à 800.000 jeunes qui étudient aujourd'hui, pour qu'ils puissent avoir accès à une licence ou à des équipements, des choses qui ont un coût et qui sont aujourd'hui un frein.

Des gens se plaignent que le Pass'Sport ne soit pas ouvert aux 18-25 ans non-boursiers...

On peut toujours faire mieux. Mais c'est de l'argent public, il faut qu'il y ait une logique. Des gens qui ont les moyens, qui ont des parents qui peuvent accompagner ou ont un travail, on considère qu'ils peuvent se payer cela. Dans la République, tout ne peut pas être gratuit, parce qu'il y a quelqu'un qui paie à la fin. Mais on assume d'avoir une solidarité de la nation pour les étudiants qui sont les moins fortunés, parce qu'on considère que c'est bon pour eux et bon pour la nation. Pourquoi? On considère que le sport est bon pour préparer des champions de demain, des médaillés olympiques, les futurs Teddy Riner et autres. On considère que c'est aussi bon pour apprendre. C'est pourquoi on veut mettre, dès la rentrée prochaine, la demi-heure de sport obligatoire en primaire. On va mettre deux heures de plus au collège.

On considère aussi que le sport est la meilleure politique de prévention. On parle beaucoup de notre système de santé, à juste titre, mais on regarde toujours au moment où on est malade. On l'a vu pendant la période de Covid. Dans les fameuses comorbidités dont on a beaucoup parlé, l'obésité est un facteur terrible. On l'a mesuré avant et après le Covid, pour nos jeunes et nos ados c'est terrible. Il faut absolument que les familles, l'Éducation nationale, nous tous, ayons ce message sur les pratiques sportives pour les plus jeunes, pour dire que c'est très important de faire du sport. Parce que c'est ce qui vous maintient aussi en bonne santé, aujourd'hui et demain.

Que prévoyez-vous d'autre pour la pratique du sport en France?

On est ici pour ouvrir un nouveau dojo. Dans les quartiers populaires, comme dans la ruralité d'ailleurs, pratiquer un sport avait un frein: il manquait d'infrastructures. Nous allons, d'ici les JO 2024, ouvrir 5.000 terrains: des dojos, des salles pour le breakdance, des terrains de handball, de football, de basket à trois contre trois, des piscines aussi. C'est anormal qu'il y ait encore si peu d'infrastructures ou de piscines pour apprendre à nager à Marseille. Que ce soit des infrastructures fixes ou parfois transitoires, comme celle-ci qui va durer trois-quatre ans. On ouvre ce dojo, on avance comme il faut, et on sera au rendez-vous de notre engagement à 5.000 terrains, en particulier 1.000 dojos.

Aussi, le sport continue pendant les vacances. On va continuer les dispositifs mis en période Covid. Il y aura bien l'été prochain et ceux qui suivent ce qu'on avait mis en place, c'est-à-dire les quartiers d'été, pour accompagner les jeunes qui ne peuvent pas partir en vacances. Et les colos apprenantes et tous les dispositifs de vacances apprenantes, pour permettre à des jeunes de familles modestes de partir, de faire du sport, d'être aidés aux devoirs, de pouvoir découvrir la mer et d'autres paysages français. Un million de jeunes partent grâce à nos colonies. Ce dispositif a permis d'accompagner un million de jeunes l'année dernière, ce sera le cas cet été.

Vous avez parlé à Kylian Mbappé, comme il l'a dit. Aujourd'hui, on parle beaucoup de Zinédine Zidane. Lui avez-vous parlé? Est-ce que ce serait important pour le rayonnement de la France de voir Zinédine Zidane au Paris Saint-Germain?

J'ai pu parler avec Kylian Mbappé, mais il fait son choix en conscience. Il l'a montré, il est très mûr, il construit sa carrière et son engagement avec beaucoup de sens des responsabilités. Je n'ai pas parlé à Zinédine Zidane, mais j'ai une immense admiration pour lui, le joueur, l'entraîneur. On a très envie d'avoir, dans le championnat français, un sportif et coach de ce talent qui a su ramener trois grandes coupes que nous convoitons beaucoup pour nos clubs. Je souhaite pour le rayonnement du championnat français et pour la France qu'il revienne et qu'il vienne entraîner un grand club français, ce serait formidable. C'est mon rôle de dire que la France est une grande nation de sport et de foot, qu'il y a des publics formidables, qui aiment ce sport. C'est important pour nous que les meilleurs qu'on a formés, qui ont parfois rayonné à l'international, puissent revenir.

Vincent Labrune, président de la Ligue de football professionnel, a déclaré: "On doit être les dirigeants d'un football moderne et innovant et en aucun cas ceux du chaos et de la guerre dans les stades". Dernièrement, les stades ont été le théâtre de beaucoup de violences. Dimitri Payet, joueur de l'OM, a été victime de nombreux jets de bouteille, par exemple. Il y a eu le Stade de France aussi. Que faut-il faire pour endiguer toute cette violence?

Je salue l'engagement du président Labrune et du président Le Graët et l'esprit de responsabilité de beaucoup de sportifs. Dimitri [Payet], vous l'avez évoqué, a lui-même eu des propos très forts et très responsables lorsqu'il avait subi une agression sur la pelouse. Je pense que la transparence est très importante. On doit et on peut tous s'améliorer. C'est ce que la ministre des Sports, le ministre de l'Intérieur et la Première ministre vont faire. Des rapports seront faits, on va travailler aussi avec la fédération, l'UEFA, pour tirer toutes les conséquences de ce que nous venons de vivre.

Plus généralement, c'est la leçon que je veux tirer de tout ce qu'on a vécu récemment et ces dernières années: le sport est une discipline formidable qui est bonne pour le corps et l'esprit. Il faut chasser l'incivisme et la violence du sport. Il faut évidemment se préparer pour que, dans les grands événéments, il n'y ait pas de place pour la violence hors du stade et dans le stade. Il faut être intraitable dans le sport professionnel ou amateur, pour dire que les propos haineux, le racisme et l'homophobie n'ont aucune place dans les stades. Aucune. Il y a un travail très important avec les fédérations pour être intraitable, être rigoureux et prévenir avec les clubs et les supporters, pour former les supporters, changer la mentalité.

Et c'est un travail d'éducation. Dès le plus jeune âge, avec l'école, les clubs de sport, les fédérations, il faut dire que lorsqu'on aime un sport, on aime la discipline qui va avec. Quand on crie, qu'on est violent, qu'on insulte, qu'on a des propos racistes, antisémites ou homophobes, on n'aime pas le sport. Ce n'est pas la valeur du sport. La valeur du sport, c'est respecter un arbitre, respecter son adversaire, savoir jouer avec ses coéquipiers dans un sport collectif, avoir des disciplines de groupe même dans des disciplines individuelles comme le judo. C'est ça le sport, rien d'autre. Parfois, on l'a perdu en considérant que des rites ou des habitudes pouvaient être prises et qu'on avait tolérées. Non. Il faut que tous les acteurs du sport nous aident à ne plus le tolérer. On est intraitables, on est tous responsables, et on va éduquer différemment.

L'After Foot est à Marseille ce mercredi soir... Avez-vous un mot pour les auditeurs de Marseille et les supporters de l'OM?

Vous savez mon soutien, mon amitié... Bravo pour cette saison quand même, on sait les difficultés du championnat qu'on a eu à vivre. Je pense que ça a bien tenu. Je souhaite de tout coeur que le prochain mercato se prépare bien. Qui sait, vous avez parlé de grands entraîneurs, leur coeur est à Marseille aussi... On a le droit de rêver!

Article original publié sur BFMTV.com