Les passoires thermiques, un sujet de couacs par excellence dans le camp présidentiel

Le sort des passoires thermiques divise le camp présidentiel, et c’est tout sauf une première (ici Emmanuel Macron et Bruno Le Maire photographiés à Londres au mois de mars)
KIN CHEUNG / AFP Le sort des passoires thermiques divise le camp présidentiel, et c’est tout sauf une première (ici Emmanuel Macron et Bruno Le Maire photographiés à Londres au mois de mars)

POLITIQUE - Déperdition de cohésion. En évoquant la possibilité de reporter l’interdiction de location des logements considérés comme des « passoires thermiques », mardi 27 septembre, Bruno Le Maire a suscité une forme de crispation dans son camp. Plusieurs voix s’élèvent, dont celle de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, pour s’opposer au ministre de l’Économie.

Au lendemain de l’annonce de la planification écologique par Emmanuel Macron, le numéro 3 du gouvernement a effectivement expliqué être « prêt à ouvrir le débat » de la révision du calendrier, dans un entretien au Parisien. Il s’est même dit « très favorable », « à titre personnel » à un report de l’interdiction... Avant de rétropédaler, ce mercredi, à la sortie du Conseil des ministres, évoquant plutôt une « réflexion » pour être « plus simple et plus clair. »

Il faut dire que la réponse d’une partie de son camp, plutôt enclin à accélérer le mouvement, a été très vive. « Il ne faut pas renvoyer à la Saint-Glinglin. C’est une trajectoire que l’on a prise qui est importante et il ne faut pas renoncer », a par exemple protesté Yaël Braun-Pivet quelques heures plus tôt sur France 2, dans le sillage de plusieurs parlementaires Renaissance. Un début de couac qui reflète les dissensions tenaces au sein du camp présidentiel sur le sujet des « passoires thermiques », un enjeu présenté comme cardinal dans la planification écologique de l’exécutif.

2019 - 2023 : même combat

Les arguments de la présidente de l’Assemblée nationale et des députés Pierre Cazeneuve ou Jean-Marc Zulesi rappellent ceux des élus qui avaient ferraillé, en vain, pour l’interdiction de la location de ces logements dès 2019. C’était au moment de la loi « énergie et climat » du gouvernement de l’époque mené par Édouard Philippe. Une vingtaine de parlementaires de la majorité avaient vu leur amendement – adopté en commission du Développement durable à l’Assemblée – bloqué par l’exécutif par crainte de bouleversements dans le marché locatif.

« La majorité est très divisée sur cette question, entre ceux préoccupés d’écologie, qui ne veulent pas voir sans arrêt repousser les échéances, et les élus plus proches du monde du logement », résumait alors Marjolaine Meynier-Millefert, une des députés (LREM) qui portaient la mesure. Le Monde faisait même état de désaccords au gouvernement, entre le ministre de la transition écologique, François de Rugy, et celui chargé du logement, Julien Denormandie.

Quatre ans plus tard, les visages ont changé, mais les débats et les lignes de fracture semblent rester les mêmes. Comme un écho, le président (Renaissance) de la commission du Développement durable Jean-Marc Zulesi explique que « l’enjeu », aujourd’hui, « ne doit pas être de reculer mais d’accélérer » sur le sujet des passoires thermiques, dans une déclaration à l’AFP en guise de réponse directe à Bruno Le Maire.

« Il faut des mesures d’accompagnement mais aussi des mesures contraignantes », martèle le député des Bouches-du-Rhône alors que le dispositif d’interdiction, finalement voté en 2021 dans la loi « climat et résilience », semblait remis en cause par le ministre de l’Économie. « C’est le combat le plus important à mener. (...) Ne reportons pas nos objectifs, accélérons ! », ajoute son collègue Pierre Cazeneuve.

Des dissensions qui devraient continuer à alimenter le débat au sein même du camp présidentiel… au risque de donner des arguments supplémentaires aux oppositions dans leur critique en improvisation. Très mécontent de l’évocation de cette possible révision calendaire, le nouveau sénateur écologiste Yannick Jadot a sauté sur l’occasion pour moquer l’« écologie à la française » prônée par Emmanuel Macron et les reports déjà annoncés « de la fermeture des centrales à charbon » ou « de l’interdiction du glyphosate ».

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