Le passage des chasseurs-cueilleurs à l’agriculture a été beaucoup plus violent qu’on ne l’imaginait

AGRICULTURE - Des chasseurs allant pêcher, des cueilleurs allant récupérer des baies, des légumes à racines. Et puis petit à petit, ils se sont sédentarisés, ont tranquillement commencé à domestiquer certains animaux... Une belle histoire, saupoudré d’une musique d’ambiance joyeuse. Mais la réalité est un poil plus brutale.

Selon une étude parue dans la revue Nature au mois de janvier, l’essor de l’agriculture à la fin de l’âge de pierre rime avec une extermination, une annihilation. Quoiqu’il est soit, on est loin d’une transition en douceur. Par deux fois en deux mille ans, la population du sud de la Scandinavie (essentiellement au Danemark) a été entièrement remplacée par de nouveaux arrivants dans la région. Et pas franchement pacifiquement.

Analyse ADN au fusil de chasse

Pour faire cette découverte, les chercheurs ont analysé des échantillons d’ADN provenant de 100 restes humains trouvés au Danemark en utilisant la méthode du fusil de chasse. Si le nom est brutal, cette méthode n’a rien de rustre, utilisant un programme informatique pour retrouver une séquence ADN.

Dans cette étude, les ossements datent de 7300 ans à la période du Mésolithique (l’âge de pierre moyen, lorsque les modes de vie des chasseurs-cueilleurs ont commencé à décliner) jusqu’au début de l’âge de bronze (une fois le mode de vie agricole bien installé). L’analyse montre qu’il y a environ 5 900 ans, une population d’agriculteurs a chassé les chasseurs, les cueilleurs et les pêcheurs qui peuplaient auparavant la Scandinavie et a abattu les forêts pour créer des terres agricoles.

Mais leur domination a été de courte durée. Ces nouveaux agriculteurs, également connus sous le nom de culture Funnelbeaker , ont vécu environ 1000 ans avant qu’une autre vague de nouveaux arrivants en provenance des steppes orientales ne s’installe. Rebelote, une politique de la terre brûlée s’est mise en place.

Les nouveaux arrivants, des descendants d’un peuple d’éleveurs originaires du sud de la Russie (les Yamnaya) ont créé un nouveau groupe culturel, nommé Single Grave par les chercheurs. À nouveau, il y a eu « un renouvellement rapide de la population, avec pratiquement aucun descendant des prédécesseurs », note Anne Birgitte Nielsen.

Tueries de masse

Selon la théorie la plus répandue, notamment auprès du grand public, à cette époque, nos ancêtres étaient particulièrement violents. « Cette transition a été présentée auparavant comme pacifique », explique l’auteur de l’étude et paléoécologue Anne Birgitte Nielsen de l’Université de Lund. « Cependant, notre étude indique le contraire. En plus des morts violentes, il est probable que de nouveaux agents pathogènes provenant du bétail aient tué de nombreux cueilleurs. »

Cette nouvelle étude vient contredire de précédentes recherches. Comparant l’ADN de plusieurs squelettes, avaient suggéré que ces premiers agriculteurs scandinaves avaient hérité d’environ 30 % des traits des chasseurs-cueilleurs, ce qui signifierait que leurs populations se sont mélangées et non que l’une ait anéanti l’autre.

Pour la chercheuse, ce genre d’étude ne sert pas seulement à mieux comprendre notre passé. « Nos résultats contribuent à améliorer notre compréhension de l’évolution de certaines maladies. Ce qui, à long terme, pourrait être bénéfique, par exemple dans la recherche médicale » conclut la chercheuse.

Récemment une étude a permis de découvrir pourquoi la sclérose en plaques est plus fréquente chez les danois et les Suédois que dans le reste de l’Europe. Tout est en effet question de gènes qui sont importés par d’autres populations, comme le fait d’être plus propice à attraper une certaine maladie. Ainsi, les questions anthropologiques du passé peuvent aider la médecine d’aujourd’hui.

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