Pas de trêve à Alep sans évacuation des rebelles, dit Damas

par Angus McDowall et Stephanie Nebehay BEYROUTH/GENEVE (Reuters) - Le gouvernement syrien n'acceptera aucune offre de cessez-le-feu à Alep-Est tant que les mouvements qu'il considère comme des organisations terroristes n'auront pas évacué le secteur, a fait savoir mardi le ministère des Affaires étrangères. Des diplomates russes et américains devaient se rencontrer mardi soir ou mercredi matin à Genève pour évoquer une proposition de Moscou en ce sens, selon Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, mais la réunion n'aura finalement pas lieu, a-t-on appris dans la soirée de sources proches des discussions. "Les négociations n'auront pas lieu ici, mais on ne sait pas qui les a annulées", a-t-on déclaré, ajoutant qu'elles pourraient se dérouler ailleurs et plus tard dans la semaine. Les forces gouvernementales, appuyées par l'aviation russe et des milices chiites libanaises, iraniennes et irakiennes, semblent sur le point de s'emparer de l'ensemble des quartiers orientaux de la ville, où se trouvent encore 200.000 personnes, selon les Nations unies. Selon les forces russes, l'armée s'est emparée de 35 quartiers depuis le début de sa progression. D'après les médias officiels et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), proche de l'opposition, les forces de Bachar al Assad ont repris mardi plusieurs quartiers proches de la Vieille Ville, notamment celui d'Al Chaar et celui de Karm al Katerdji, ce qui devrait leur permettre d'isoler une nouvelle partie de la cité. Cette avancée ne dissuade pas les rebelles de tenter des contre-attaques. Des combats se sont ainsi déroulés dans un rayon d'un kilomètre autour de la citadelle d'Alep et autour de la Vieille Ville. La Russie et la Chine ont opposé lundi leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'Onu exigeant une trêve de sept jours à Alep et l'arrêt des combats dans l'ensemble de la Syrie. Moscou a fait valoir qu'une cessation des hostilités permettrait aux rebelles de se regrouper alors que l'Onu parle de "situation désastreuse dans l'est d'Alep". L'armée syrienne a indiqué qu'elle entendaient terminer la reconquête d'Alep avant l'arrivée du nouveau président américain Donald Trump à la Maison blanche, le 20 janvier. ÉVITER UN MASSACRE Impuissants, les pays occidentaux tenteraient désormais de convaincre les rebelles de quitter la ville pour éviter un bain de sang encore plus grand lorsque les forces gouvernementales attaqueront les zones les plus densément peuplées. Pour l'heure, les rebelles n'ont donné aucune indication en ce sens et se disent déterminés à se battre jusqu'au bout. "Les Américains nous ont demandé si nous voulions partir ou rester. Nous leur avons dit que c'est notre ville et que nous la défendrons", a déclaré mardi à Reuters Zakaria Malahifdji, un responsable du groupe Fastakim, membre de l'Armée syrienne libre (ASL) basé en Turquie. Un représentant de l'opposition syrienne a néanmoins reconnu en privé que les insurgés n'auraient peut-être pas d'autre choix que celui de partir pour éviter un massacre de la population civile, déjà bombardée quotidiennement et affamée par le siège d'Alep-Est. Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a une nouvelle fois dénoncé mardi la "logique de guerre totale" du régime de Damas et de son allié russe pour reconquérir la totalité de la "Syrie utile". "Ce n'est parce qu'Alep va tomber peut-être dans quelques semaines que la question de la paix sera réglée", a souligné Jean-Marc Ayrault. "La menace de radicalisation, la menace de conflit, la menace terroriste demeurera dans cette région et donc la voie militaire mène à un chaos durable dans cette région", a-t-il poursuivi, mettant en garde contre l'émergence d'un "Daechstan" dans le reste du pays. (Jean-Philippe Lefief et Tangi Salaün pour le service français)