Les partis pro-UE peuvent contrer la poussée de l'extrême droite, assure Roberta Metsola
La présidente du Parlement européen estime que les partis modérés et pro-européens doivent offrir une "alternative" aux électeurs. Interrogée à Strasbourg, lors de la première session plénière de l’année, Roberta Metsola livre son analyse des enjeux autour des élections européennes.
"Je crains que si nous ne séduisons pas nos électeurs, en tant que membres de la majorité pro-européenne et constructive du centre, ceux-ci aient l'impression qu'ils n'ont pas le choix, qu'ils doivent se replier vers les marges, vers ces gens qui veulent détruire plutôt que construire", explique l’élue maltaise.
Les sondages actuels prévoient une poussée de l'extrême droite lors des élections européennes qui auront lieu sur le continent du 6 au 9 juin.
Cette inquiétude s’inscrit dans la foulée de la victoire en novembre du populiste Geert Wilders lors des élections législatives néerlandaises, et de la progression dans les sondages des partis d'extrême droite tels que Alternative für Deutschland en Allemagne et le Rassemblement national en France.
Mais les projections suggèrent également que l'actuelle coalition dirigeante du Parlement européen, composée des sociaux-démocrates, des chrétiens-démocrates et des libéraux pourrait maintenir sa majorité.
Roberta Metsola, qui appartient au Parti populaire européen (PPE) juge qu'en apportant des solutions à des défis tels que la pandémie de Covid-19 et l'invasion de l'Ukraine par la Russie, cette majorité avait prouvé sa résilience.
"Ce sont de grands défis que nous avons surmontés et sur lesquels nous continuons à faire preuve d'unité, et je pense que c'est là que nous trouverons cette unité dans ce centre", indique la présidente de l’hémicycle.
"Je pense donc que nous pouvons offrir une alternative. Nous pouvons contrer cette menace (de l'extrême droite), si nous voulons l'appeler une menace, et je suis convaincue que nous pouvons le faire", ajoute-t-elle.
Les cinq prochaines années "ne seront pas plus faciles"
Mais la présidente du Parlement prévient que le prochain mandat "ne sera pas plus facile" que l'actuel.
Depuis les élections européennes de 2019, l'UE fait face à plusieurs crises comme la pandémie de Covid-19, l'invasion de l'Ukraine par la Russie ou encore la crise énergétique.
Le Parlement européen a également été ébranlé en interne par un scandale de corruption.
La vice-présidente de l'hémicycle, Eva Kaili, et d'autres eurodéputés ont été arrêtés en décembre 2020 et accusés d'avoir accepté des centaines de milliers d'euros pour influencer les décisions de l'UE au profit du Qatar et du Maroc. Tous les accusés rejettent ces allégations.
Les sociaux-démocrates pourraient payer le prix fort de cette affaire car les principaux suspects sont issus de la gauche.
Le scandale a également provoqué une onde de choc à Bruxelles et a contraint le Parlement à revoir ses règles de fonctionnement. La médiatrice européenne s'est néanmoins demandé si les réformes introduites étaient suffisantes pour restaurer la confiance des électeurs.
A la question de savoir si elle craignait que le scandale ait érodé la confiance envers le Parlement européen, Roberta Metsola répond que les électeurs doivent juger l'institution sur sa réponse à cette affaire.
"Nous avons pris la décision immédiate d'introduire des mesures pour nous assurer que nous voyions où se trouvaient les lacunes, pour insérer des pare-feux et pour nous assurer que les sonnettes d'alarme soient tirées plus tôt", explique la présidente de l’institution.
"Nous avons fait beaucoup de travail au cours de l'année écoulée et j'aimerais que nous soyons jugés sur cela, plutôt que sur les allégations concernant un petit nombre d'individus", insiste Roberta Metsola.
Interrogée sur la possibilité que certains partis d'extrême droite choisissent de rejoindre une nouvelle coalition européenne, elle refuse de spéculer sur la formation du futur Parlement, assurant que l’actuel hémicycle avait "trouvé une unité sans précédent au centre".
Le Parti populaire européen (PPE), première force du Parlement, pourrait être ouvert à une alliance avec le parti d'extrême droite Frères d’Italie, de la Première ministre italienne Giorgia Meloni.
Manfred Weber, président du PPE, a rencontré l’année dernière la dirigeant italienne. Il aurait évoquer une éventuelle collaboration, toutefois cette perspective aurait été rejetée par d'autres personnalités du centre-droit européen.
"Regardons ce que nous avons fait dans ce centre, ce centre pro-européen", explique Roberta Metsola.
"C'est sur cela que nous devons nous appuyer, et je me réjouis de pouvoir continuer à le faire de 2024 à 2029".