Parti socialiste : le retour du front républicain

La phrase est elliptique mais le sous-entendu ne laisse guère de doute. En déclarant hier que "tout devra être fait pour empêcher" la victoire du FN aux élections régionales de décembre, Manuel Valls ouvre la voie au front républicain. Une stratégie qui divise au PS en particulier et à gauche en général.

Parti socialiste : le retour du front républicain

C’est une déclaration de mauvaise augure. Evoquer à demi-mot la possibilité d’un front républicain pour contrer le Front national lors des prochaines régionales en dit long sur l’état d’esprit des socialistes à un peu plus d’un mois de ce scrutin. Chronique d’un échec annoncé et anticipé même. Les sondages se succèdent, ils sont souvent favorables au FN, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Alors que faire au soir du premier tour si l’extrême droite est en mesure de l’emporter alors que la gauche a perdu toute possibilité de remporter la région ? Le maintien à tout prix, le retrait ou la fusion avec Les Républicains ? Jusque là, c’était flou et plutôt en faveur du maintien. Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, avait même affirmé en septembre que les opinions un peu trop à droite, selon lui, de certains élus Les Républicains empêchaient ce front républicain. Et voilà que le Premier ministre esquisse une toute autre stratégie : l’union de toutes les listes de gauche déjà au premier tour puis si les scores du FN sont trop élevés, le PS et ses alliés devront se retirer. Pas de consigne claire pour l’instant cela dit mais l’hypothèse est ouverte.

De quoi obliger le patron de la rue de Solférino à nuancer ces anciens propos "aujourd'hui, a-t-il déclaré ce mercredi matin, on se bat pour sortir en tête au premier tour. On se bat parce que la droite veut défaire ce que l'ensemble de la gauche a fait dans les régions, et l'extrême droite veut défaire la République. On ne les met pas sur le même plan, mais c'est un combat, c'est notre “et-et” à nous, face au “ni-ni” de Nicolas Sarkozy". Et quand on lui pose la question sur le front républicain en cas de triangulaire, il botte en touche d’un "on verra au soir du premier tour."

Mais il n’est pas le seul à être embarrassé ou même à être en total désaccord avec cette ligne. Jean-Luc Mélenchon y est fermement opposé : "J’estime que c’est mélanger les torchons et les serviettes, c’est violer le vote des gens", a-t-il affirmé. Quant aux principaux intéressés socialistes, à savoir Christophe Castaner en Paca et Pierre de Saintignon (Nord-Pas-de-Calais-Picardie) dont les listes pourraient arriver troisième, ils ont d’ores et déjà refusé ce front républicain. Avant de songer au second tour, il semble donc que le problème actuel du PS soit moins le FN que ses propres troupes. Il faudrait déjà aboutir à aligner tous les socialistes sur une même position puis tous les partis de gauche. Pas gagné…