Parrainer dix jeunes réfugiés

[Toutes les semaines, nous publions un contenu de la série “En vrai, c’est comment” de Die Zeit, qui présente de courts témoignages. Cette semaine : une femme qui s’est occupée de réfugiés après leur arrivée en Allemagne.]

Je m’étais imaginé une mignonne petite Afghane avec des nœuds roses dans les cheveux que je pourrais chouchouter. Puis le coup de téléphone est arrivé.

Quand je suis allée au centre d’hébergement après le travail, je me suis retrouvée devant un jeune Kényan, gigantesque et certainement pas âgé de 15 ans comme on me l’avait dit au téléphone.

Je me suis occupée de lui, je l’ai aidé à apprendre l’allemand, lui ai trouvé une place dans l’enseignement général et il est allé jusqu’au brevet de collèges.

Dans une école de Stuttgart, en Allemagne, en mars 2019.. PHOTO LAETITIA VANCON/THE NEW YORK TIMES
Dans une école de Stuttgart, en Allemagne, en mars 2019.. PHOTO LAETITIA VANCON/THE NEW YORK TIMES

Quelques mois plus tard, le suivant se tenait devant moi avec de grands yeux. Lui aussi, j’avais fait sa connaissance par l’intermédiaire d’une association.

Son tuteur avait laissé tomber, trop fatigant. Je me suis dit : bon, maintenant je sais comment ça se passe. Je me suis donc occupée de lui aussi, il venait de Gambie.

Puis il y a eu le troisième. Qui avait un ami. Finalement, j’ai parrainé dix jeunes réfugiés.

“Pour les voisins, j’étais une cinglée”

J’ai loué cinq appartements, où certains d’entre eux habitent encore. Personne n’aurait loué directement à ces garçons.

La famille Kodaimi, des réfugiés syriens arrivés en Allemagne en janvier 2016, chez eux, à Stuttgart, le 1ᵉʳ décembre 2018..  PHOTO LAETITIA VANCON/THE NEW YORK TIMES
La famille Kodaimi, des réfugiés syriens arrivés en Allemagne en janvier 2016, chez eux, à Stuttgart, le 1ᵉʳ décembre 2018.. PHOTO LAETITIA VANCON/THE NEW YORK TIMES

Au début, des connaissances nous déposaient des tonnes de fringues, sinon je ne recevais que peu de soutien. Les voisins trouvaient que j’étais complètement cinglée.

Je travaillais à plein temps comme gouvernante. Au travail, je mettais les écouteurs et j’appelais les administrations. Après le travail, j’allais les voir chez eux.

Abdoulie Barry, un exilé gambien de 37 ans, travaille dans un atelier à Tettnang, en Allemagne, en juillet 2019.. PHOTO GORDON WELTERS/THE NEW YORK TIMES
Abdoulie Barry, un exilé gambien de 37 ans, travaille dans un atelier à Tettnang, en Allemagne, en juillet 2019.. PHOTO GORDON WELTERS/THE NEW YORK TIMES

Chaque fois que l’un d’entre eux obtenait un titre de séjour ou une place en formation, ça me redonnait de l’énergie pour continuer.

Je suis allée aux ambassades de Guinée-Bissau, de Gambie, d’Érythrée, du Kenya.

Une fois, j’ai évité une expulsion de justesse, le billet d’avion était déjà pris.

Tous les dix sont en formation, font des études ou travaillent : plaquiste, infirmier en soins intensifs, l’un est dans l’hôtellerie, un autre dans le traitement des déchets, un autre mécatronicien automobile.

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