En parlant plus de ses livraisons d’armes à l’Ukraine, la France révèle ses limites

La France a fini par trouver davantage d’armes pour l’Ukraine. Des systèmes antiaériens, six canons Caesar, qui viennent s’ajouter aux 18 déjà envoyés, et des lance-roquettes multiples, une liste complétée par l’entraînement de 2 000 soldats ukrainiens, a précisé le samedi 15 octobre le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. “Ce changement d’approche de la France est surprenant pour deux raisons”, observe à Londres The Economist.

“Premièrement, le pays parle plus ouvertement de ce qu’il fait. Deuxièmement, la contribution française est de plus en plus auscultée à la loupe en France même”, écrit le magazine libéral britannique. Face à la polémique suscitée par ce qui était considéré comme un trop faible effort de participation à la guerre en Ukraine, Paris a décidé de renoncer à sa discrétion, que les uns expliquaient par des considérations stratégiques sur le terrain, les autres par la volonté de rester un médiateur potentiel dans le conflit.

Sauf que les moyens de l’armée ainsi dévoilés au grand jour dans les médias – les Caesar envoyés correspondaient à un quart du stock, de même pour les lance-roquettes multiples – montrent également jusqu’où Paris est prêt à voir fondre ses réserves en matériel. C’est sur ce point que la France diffère du Royaume-Uni, explique le journal.

“Concentrée sur les opérations extérieures”

“Dans la pensée stratégique française, la latitude d’action est primordiale, déclare à The Economist Michael Shurkin, un spécialiste américain des questions stratégiques. “Les Français veulent être en mesure de mener tous les types de conflits et de disposer des outils qui leur assurent ces possibilités, écrit le magazine. Ils veillent donc à ne pas vider leurs réserves au point de se priver de ces capacités. De plus, au fil du temps, l’armée française s’est concentrée sur les opérations extérieures et la lutte contre le terrorisme, plutôt que sur le type de guerre terrestre à grande échelle qui nécessite des réserves considérables.”

Conclusion, selon les mots de l’expert : la France est “un allié puissant à la limite de ses moyens”. Et pourrait ne pas souhaiter aller plus loin.

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