Paris : une société de transport d'enfants handicapés reçoit 600 PV de stationnement en 3 mois

La société en question aurait cumulé 35 000 euros d'amende en amenant des enfants handicapés à l'école (Photo : Getty Images/iStockphoto)

Confrontée à une montagne de contraventions, l'entreprise Adanev pointe un "acharnement" de la part des prestataires chargés par la municipalité de contrôler et de verbaliser les irrégularités de stationnement.

Une accumulation d'amendes qui met en péril la survie de cette société. Spécialisée, depuis sa création en 2007, dans le transport de personnes à mobilité réduite, l'entreprise Adanev assure notamment le transport scolaire d'élèves handicapés dans la ville de Paris. Une activité qui lui vaut aujourd'hui d'importantes difficultés financières.

Comme le rapporte Le Parisien, la société s'est en effet vue infliger une quantité astronomique de PV de stationnement dans la capitale depuis trois mois, simplement en assurant sa mission. Selon le quotidien régional, les véhicules d'Adanev sont en effet fréquemment verbalisés lorsqu'ils sont arrêtés devant des écoles pour permettre à leurs passagers de descendre.

"On ne peut pas se contenter de les laisser au coin de la rue"

Au total, dans la capitale, 350 élèves handicapés sont amenés à l'école chaque jour par Adanev, d'après Le Parisien. "Ces enfants porteurs de handicap physique ou mental, on ne peut pas se contenter de les laisser au coin de la rue, il faut que les chauffeurs approchent le véhicule au plus près de l’établissement, descendent et les confient à des adultes de l’équipe pédagogique", explique ainsi Roukia Jardi, cofondatrice de la société.

Ces spécificités ne sont cependant, apparemment, pas prises en compte par les sociétés privées qui contrôlent le stationnement à Paris en relevant automatiquement les plaques d'immatriculation des véhicules en infraction. Depuis quelques semaines, la société Adanev n'en finit donc plus de recevoir des contraventions. "Au début, on les a réglées, affirme Roukia Jardi. Une trentaine, tout de même. Puis on s’est retrouvés noyés."

Une ardoise totale de plus de 35 000 euros

À ce jour, l'entreprise a ainsi cumulé pas moins de 600 PV, représentant un montant total de 35 000 euros, avant majoration. Dans l'incapacité de débourser une telle somme, les dirigeants de la société ont décidé de contre-attaquer en engageant un avocat spécialiste du droit routier.

"Il faut manquer sérieusement d’humanité pour infliger ainsi des amendes à des chauffeurs qui amènent à l’école ces enfants qui en ont le plus besoin !", s'indigne ce dernier, cité par Le Parisien. Déterminé à faire sauter ces contraventions jugées iniques, le représentant dénonce le rôle joué par les entreprises chargées de surveiller le stationnement payant, qui se contentent selon lui d'assurer une "politique du chiffre".

L'avocat du transporteur regrette ainsi que les véhicules d'Adanev, qui portent systématiquement les mentions "transport d’enfants" et/ou "TPMR", aient pu être ciblés par ces voitures chargées de la verbalisation. Il s'étonne d'ailleurs de la fréquence quotidienne avec laquelle les contraventions ont été dressées. "À se demander s’il n’y a pas de l’acharnement ou du moins un certain opportunisme", avance le représentant.

L'entreprise espère une conciliation

Alors que la société demande, par la voix de son avocat, l'annulation des PV en attente et le remboursement de ceux qui ont déjà été payés, la mairie de Paris, contactée par Le Parisien, a affirmé qu'il existait en théorie un système pour éviter de verbaliser les véhicules chargés de transporter des personnes à mobilité réduite, mais aussi qu'il était possible de déposer un recours en cas de verbalisation abusive.

La société Adanev espère donc obtenir une conciliation, mais aussi des aménagement pouvant lui permettre de poursuivre son activité. "Pour nous, ce n’est pas qu’un business, plaide Roukia Jardi. Il faut voir les nuits blanches à chaque rentrée, l’engagement de toute l’équipe à chaque petite perturbation. Nous remplissons une mission pour les enfants. Si l’on ne les transporte plus, ils resteront coincés chez eux."

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