Paris : il tue le mari de sa fille aînée, pour "sauver" son autre fille de 18 ans

Un homme accusé du meurtre de son gendre dit avoir voulu sauver sa fille - Getty Images/EyeEm

Ce mardi 24 janvier s’ouvre le procès d’Antal Balogh, un père de famille accusé d’avoir mortellement poignardé son gendre. Âgé de 34 ans, ce dernier vivait avec la fille de l’auteur des coups, âgée de 18 ans, alors qu’il était marié avec sa sœur aînée.

Tentative de sauvetage ou crime d’honneur ? À partir de ce mardi 24 janvier, Antal Balogh, un père de famille d’origine roumaine, sera jugé pour le meurtre de son gendre en 2020, rapporte le journal Le Parisien. L’accusé dit avoir voulu sauver sa fille de l’emprise du mari de son autre fille mais pas le tuer. La famille de la victime prétend quant à elle que son acte était intentionnel.

Cette histoire sinistre commence paradoxalement par un mariage, celui de Roméo et d’Henrietta, la fille aînée d’Antal Balogh en 2010. Considéré comme un homme violent, instable et toxicomane, le jeune marié émigre avec son épouse en Suède puis en Angleterre où il est condamné pour des faits de violence conjugale. Mais surtout, il entretient une relation décrite comme "ambigüe" avec la petite sœur de sa moitié, Béatrice, qui n’avait que 10 ans au moment de l’union. C’est finalement une mesure d’éloignement et d’interdiction du territoire qui met fin au couple d’Henrietta et Roméo. Alors que ce dernier passe de pays en pays, il est finalement rejoint par Béatrice, alors âgée de 18 ans, en 2019. Mais surtout, l’homme se met à utiliser la jeune femme pour soutirer de l’argent à sa famille, ce qui déclenche la traque d’Antal Balogh.

La traque d’un père

"Il nous faisait du chantage. Ma fille était vierge et il disait qu’il allait vendre sa virginité si on ne lui envoyait pas de l’argent", a ainsi expliqué le père de famille aux enquêteurs. Face à cette situation, le charpentier-menuisier se met en tête de sauver Béatrice, de l’arracher aux mains de Roméo. Il la retrouve à Anvers où il essaie de la convaincre de le suivre, mais elle refuse, préférant rester avec celui que son père considère comme dangereux. "Je lui ai dit qu’elle ne pouvait pas vivre comme ça, sans travailler. Elle a répondu : Jésus non plus n’a pas travaillé… Je ne sais pas ce que Roméo lui avait mis dans la tête, mais elle parlait comme une folle", a encore expliqué Antal Balogh devant le juge d'instruction.

Quelques mois plus tard, alors qu’il n’a plus aucune nouvelle de Béatrice, son père apprend qu’elle se trouve dans le Xe arrondissement de Paris. Pire encore, il entend dire que Roméo prévoit de la vendre à un réseau de proxénètes albanais. Il se rend donc en France, dans la capitale, passe au consulat de Roumanie pour obtenir de l’aide et finit par repérer le couple dans la file d’attente d’un restaurant caritatif. Il passe alors à l’action. Habillé d’une chemisette et d’un bermuda, un masque chirurgical sur le visage et une casquette sur la tête, il arrive derrière Roméo et lui assène des coups de couteau à la fesse et à la hanche. Puis, il frappe au niveau des cervicales en murmurant en roumain : "Tu vois qui je suis ? Regarde-moi, espèce d’abruti ! Je suis le père de Béa". Puis il attrape sa fille par le bras, demande aux gens d’appeler les secours et disparaît des lieux avant de quitter le pays en bus avec Béatrice. Roméo meurt de ses blessures quelques heures plus tard à l’hôpital parisien de La Salpêtrière.

Sauvetage ou crime d’honneur ?

Antal Balogh est finalement arrêté trois mois plus tard au Royaume-Uni puis placé en détention en France. Toujours enfermé depuis, l’homme et son avocat n’en démordent pas : il n’a pas voulu tuer son gendre, il voulait seulement sauver sa fille. Une défense que la famille de Roméo ne veut pas entendre. Comme l’explique l’avocate de son frère Me Fanny Vial dans les colonnes du Parisien : "Plusieurs éléments démontrent que le père avait bien l’intention de tuer son gendre. Il vise Roméo notamment aux cervicales mais évoque un geste accidentel, en décalage avec les témoignages. Par ailleurs, l’idée d’un crime commis pour protéger sa fille d’un homme dangereux ne tient pas. Il s’agit beaucoup plus probablement d’un crime d’honneur commis par un père qui ne supporte pas que sa fille ait quitté le cercle familial pour suivre un homme déjà marié avec sa fille aînée." Deux versions irréconciliables donc, parmi lesquelles la justice devra trancher à partir de ce mardi.

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