A Paris, une "course militante" pour se réapproprier l'espace public

Le 19 octobre prochain aura lieu la deuxième édition de la Sine Qua Non Run, une course militante qui a pour but la réappopriation de l'espace public pour les femmes qui, parfois victimes d'agressions sexistes ou sexuelles, n'osent plus courir. Interview avec Mathilde Castres, présidente de l'association "Tu vis! Tu dis!"

Paris Match. Comme est née la Sine Que Non Run ?
Mathilde Castres. Elle a été mise en place il y a deux ans et demi, la première édition a eu lieu l’année dernière. L’idée est venue d’un constat qu’on a eu entre plusieurs filles. C’était avant #MeToo, on s’est rendues compte qu’on avait toutes été confrontées à la problématique d’agressions sexistes ou sexuelles, que ce soit au travail, dans le domaine personnel ou dans nos activités sportives. On considérait que c’était la norme, on ne disait rien, on vivait avec. On s’est dit qu’il était fou qu’en 2017, on en soit encore là et on a eu envie de briser l'omerta.
On cherchait un moyen d’agir, d’embarquer l’ensemble de la société civile et de trouver quelque chose d’assez fédérateur pour donner un élan dynamique à ce sujet un peu difficile à aborder. Le sport s’est imposé comme une évidence : on s’est dit qu’en créant un événement sportif, on arriverait à toucher l’ensemble de la société, quelque soit les tranches d’âge, les catégories socio-professionnelles. La course nous est aussi apparue comme une évidence, on s’est dit que tout le monde pouvait chausser ses baskets pour partager sa foulée. Il y a aussi la symbolique : le point de départ est la société actuelle et qu'ensemble, hommes et femmes, on court vers un point d’arrivée qui serait une société plus respectueuse.
Quand on a monté le dispositif, on a tout de suite eu un retour positif de la mairie de Paris.

Il s’agit de reprendre possession de l’espace public à travers le sport…
Il y a deux dimensions. La première est en effet la réappropriation de l’espace public : on fait cette course à la tombée de la nuit, à un moment où on se sent plus menacée. Le choix du parcours, deuxièmement : le village de départ se(...)


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