A Paris, le camp de la honte

Porte d’Aubervilliers, au ras du périphérique, 2 000 migrants survivent dans un flot d’indifférence

Le terrain boueux, casse-gueule, se traverse en équilibriste. Couvertures, bâches, tapis, sacs de couchage retiennent tant bien que mal de la glissade. La gadoue qui les recouvre ne gêne plus les adolescents qui circulent en sandalettes, sans chaussettes. Au pied du muret qui longe la bretelle d’accès au périphérique, un amoncellement de détritus, sur 350 mètres ; des montagnes de vêtements usagés, trop humides pour être portés plusieurs jours : l’hiver les empêche de sécher. Environ 2 000 migrants survivent dans cette poubelle géante, bidonville indigne à 3 kilomètres du Sacré-Cœur. Afghans, Soudanais, Erythréens, Somaliens et, depuis peu, Iraniens et Koweïtiens. A la nuit tombée, une armée de rats vient quasiment doubler cette population. Ils pénètrent sans gêne dans les cabanes et les tentes endormies, y déposent leur urine nauséabonde.

Brossage de dents pour cet Erythréen. Au milieu des détritus, il est vital de rester attentif à son hygiène.
Brossage de dents pour cet Erythréen. Au milieu des détritus, il est vital de rester attentif à son hygiène.

Brossage de dents pour cet Erythréen. Au milieu des détritus, il est vital de rester attentif à son hygiène. © Baptiste Giroudon/Paris Match

Les cabanes, minuscules, bricolées avec des morceaux de tôle et de contreplaqué offerts par les Roms, s’alignent sur la partie haute du camp. On en compte une soixantaine, la plupart aménagées avec un soin émouvant : au sol, lino carrelé, tabourets rouillés ou fauteuils éventrés ; un seau ou une bassine d’eau ; un réchaud. Des(...)


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