Paris bondée pendant les JO 2024 ? L’exemple de Londres, ville fantôme pendant les JO 2012

Un joggeur passant devant les anneaux olympiques suspendus sur Tower Bridge, à Londres, le 25 juillet 2012.
WILLIAM WEST / AFP Un joggeur passant devant les anneaux olympiques suspendus sur Tower Bridge, à Londres, le 25 juillet 2012.

JO DE PARIS - C’est l’une des principales craintes de nombreux Parisiens à l’approche des Jeux olympiques : les transports en commun vont-ils être bondés, les commerces saturés et les rues inondées de touristes entre le 26 juillet et le 11 août ? Bref, la capitale va-t-elle devenir infréquentable pendant un peu plus de 15 jours ?

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S’il reste difficile d’apporter une réponse tranchée en ce vendredi 26 avril, à trois mois jour pour jour du coup d’envoi des JO, on peut déjà se baser sur plusieurs mesures et recommandations des autorités et du gouvernement.

Si on résume rapidement, il est ainsi fortement conseillé aux Franciliens de réduire au maximum leurs déplacements ou du moins de les adapter, de privilégier la marche quand ils le peuvent, de partir en vacances à ce moment-là ou de télétravailler le plus possible.

« Avec les visiteurs olympiques, la fréquentation sera équivalente à celle d’un mois d’octobre. C’est plus qu’un été mais dans des proportions que nous savons gérer », prédisait par ailleurs déjà en septembre dernier Jean Castex, le PDG de la RATP.

Mais pour avoir un élément de comparaison probant, on peut aussi surtout observer comment Londres, lors des JO de 2012, avait vécu l’événement estival. Certes, la capitale anglaise reste bien plus vaste que son homologue française. Quinze fois plus grande en superficie intra-muros (1 572 contre 105 km²) et quatre fois plus peuplée (8,8 millions contre 2,1 millions d’habitants). Malgré tout, la majorité des sites olympiques il y a 12 ans y étaient concentrés dans ce que l’on peut considérer comme un premier cercle, au centre de la mégapole, équivalent à la taille de Paris plus sa première couronne. Pour les JO de 2024, c’est dans ce dernier périmètre que seront concentrés 90 % des sites

La répartition des sites des Jeux olympiques de Londres en 2012.
La répartition des sites des Jeux olympiques de Londres en 2012.

Et quand on revient une douzaine d’années en arrière, le constat avait été frappant à l’époque : les JO avaient transformé Londres en ville fantôme, ce que personne n’avait alors imaginé.

Des restaurateurs désespérés

La capitale anglaise avait ainsi attiré 100 000 visiteurs par jour pendant les JO… quand la ville accueille normalement 300 000 touristes étrangers et 800 000 provinciaux anglais quotidiennement.

Si la foule était bien présente au parc olympique à Stratford, dans l’est de la ville, où étaient concentrés une bonne partie des sites dont le stade olympique, le centre de la capitale a lui été particulièrement déserté. Si bien que les habitants se sont surpris à traverser de grandes artères désertes ou presque.

Maire de Londres en 2012, Boris Johnson avait demandé en amont aux habitants et touristes « hors JO » de s’éloigner de la ville pendant l’événement et de privilégier le télétravail, exactement comme le font actuellement les autorités françaises. Une demande un peu trop suivie à la lettre, qui a fait le désespoir de nombreux commerces, restaurants et attractions touristiques, et qui a même poussé le Premier ministre David Cameron, après une semaine de Jeux, à supplier les Londoniens de « revenir dans la capitale pour dépenser dans les boutiques et les restaurants »...

Les restaurateurs ont ainsi déploré une baisse d’activité de 40 % sur la période, selon la British Hospitality Association, comme le rapportait Le Point. Certains avaient gonflé volontairement leur stock en prévision d’un afflux massif de clients. Las, ils n’ont parfois eu d’autre choix que de jeter une quantité non négligeable de produits.

Parmi d’autres chiffres, pêle-mêle, validant ce constat sans appel : -40 % de tickets vendus dans les transports en commun, -35 % de fréquentation sur les sites touristiques, -30 % de clients pour les taxis, -15 % de trafic automobile… Les couloirs de circulation réservés spécialement pour les JO n’ont finalement pas servi à grand-chose.

Seuls les hôtels ont logiquement tiré leur épingle du jeu, avec un taux d’occupation de 89 %, soit une augmentation de 5 à 6 points par rapport à l’année précédente, selon cette étude. « En fait, nous constatons des réservations conformes à un bon été à Londres », tempérait toutefois à l’époque InterContinental Hôtels, qui compte les enseignes Crowne Plaza ou Holiday Inn.

L’effet mathématique redoutable du télétravail

Quasiment uniquement intéressé par les épreuves sportives, le public des JO de Londres n’avait donc pas la même activité que celui présent d’ordinaire l’été, qui se rue sur les grands sites touristiques, les musées et les restaurants. Un scénario qui n’est pas à exclure pour Paris-2024. D’autant plus qu’il faut aussi mettre dans la balance les frais déjà conséquents qu’implique le « tourisme olympique » : billets d’épreuves parfois très onéreux, réservations d’un logement face à des propriétaires qui en profitent pour gonfler au maximum les prix, sans oublier les transports et le fameux ticket de métro rehaussé à 4 euros.

« Il manque deux catégories de personnes », constatait en 2012 Bernard Donoghue, de l’association des attractions touristiques de Londres, rapportait Paris-Match. « La première, ce sont les touristes qui viennent à Londres fréquemment, qui préfèrent éviter la cohue. La deuxième, ce sont les Londoniens et Britanniques qui pensaient que les transports en commun allaient être bondés […] C’est ironique mais en ce moment c’est la meilleure période pour visiter nos sites touristiques parce que les files d’attente sont moins longues et les horaires d’ouverture sont rallongés. »

« On a implicitement demandé à ces gens de se tenir à l’écart et c’est ce qu’ils ont fait », résumait sobrement de son côté Tom Jenkins, directeur général de l’Association des voyagistes européens (ETOA). Comme le million et demi de personnes qui se rendaient tous les jours à la City, ou dans d’autres quartiers de la capitale, et qui ont passé quinze jours à télétravailler.

À la lumière de cet éclairage londonien, pouvons-nous désormais envisager un Paris fantôme fin juillet ? Une question qui reste encore impossible à trancher, surtout quand on sait que l’office du tourisme de la capitale s’attend à l’arrivée de 15 millions de touristes pendant les Jeux olympiques et paralympiques (une projection faite ici sur un mois). Mais ce qui est sûr, c’est que les témoignages de Franciliens qui vont « fuir » la ville, qui vont télétravailler ou qui seront même mis aux congés forcés par leur entreprise ne cessent d’affluer à l’approche des Jeux. Autant de personnes, en définitive, qui ne seront pas présentes dans les rames de métro ou de RER.

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