Parcoursup: ces établissements hors plateforme qui surfent sur les angoisses des parents

Un stress dont profitent certaines écoles. Alors que les futurs bacheliers ont actuellement jusqu'au 9 mars pour formuler leurs voeux sur Parcoursup, de nombreux établissements privés capitalisent sur les inquiétudes de parents vis-à-vis de la plateforme d'inscription dans l'enseignement supérieur, en proposant des formations dont l'inscription ne passe pas par ce site. La qualité de l'enseignement offert dans ces établissements pose cependant question.

Si Parcoursup propose plus de 21.000 formations aux futurs étudiants, certains établissements privés ne sont pas inscrits sur la plateforme et ont recours à un mode d'inscription indépendant, avec leur propre calendrier.

Nombre d'entre eux proposent des formations dans le commerce, la communication ou encore les arts appliqués et facturent leur cursus à plusieurs milliers d'euros l'année. Il s'agit principalement d'écoles, comme l'école d'art Penninghem ou l'ESI Business School, mais aussi parfois d'universités, comme certains instituts catholiques.

Séduire les "déçus de Parcoursup"

Ce fonctionnement, hors Parcoursup, est désormais devenu un argument de vente pour certaines écoles, alors que la plateforme crée l'inquiétude chez de nombreux parents. "Déçu(s) de Parcoursup et des formations prépa? Inseec U. est là", clame une école de management sportif dans une de ses campagnes publicitaires.

"Formation hors Parcoursup", met en avant une autre.

Dans certains établissements, l'absence de sélectivité des étudiants, contrastant avec Parcoursup, sert même d'argument pour convaincre les bacheliers, et leurs parents, de leur attractivité.

"Je prends les élèves comme ils viennent et en deux, trois ou cinq ans, je les amène à l’employabilité", se vante auprès de Capital Vanessa Diriart, présidente de Galileo Global Éducation France.

Des écoles aux "pratiques commerciales trompeuses"

Ces arguments résonnent cependant auprès de certaines familles qui reconnaissent se sentir perdues face au foisonnement de l'offre proposée sur la plateforme et au mode de sélection, parfois obscur, des futurs étudiants. Problème: certains établissements dispensent des diplômes non reconnus par l'État et dont la qualité de l'enseignement s'avère très variable.

Une enquête menée par la Répression des fraudes, parue en décembre 2022, pointe du doigt des "pratiques commerciales trompeuses induisant le consommateur en erreur" concernant certains de ces établissements privés de l'enseignement supérieur.

"Plus de 30% des établissements contrôlés se sont avérés être en anomalie" en 2020, souligne le rapport.

Parmi ces écoles mises en cause, des établissements revendiquent une formation niveau licence ou master, des diplômes spécifiques dont ils ne détiennent pas en réalité l'habilitation, ou font mention de partenariats en réalité jamais formalisés avec des entreprises.

Un groupe de travail lancé par le ministère

"Je pense qu’il faut être très vigilant" vis-à-vis de certains établissements qui "promettent de l'international, des jobs", mais "échappent aux radars", met en garde dans Le Figaro Étudiant Alice Guilhon, directrice générale de l'école de commerce Skema et présidente de la Conférence des directeurs des écoles françaises de management.

"À la fin, l'étudiant se retrouve sans diplôme", assure-t-elle.

Un groupe de travail a été lancé en décembre par le ministère de l'Enseignement supérieur pour mettre en place une meilleure régulation des écoles privées.

Depuis plusieurs années, la plateforme Parcoursup fait l'objet de fortes critiques, notamment tournées sur son mode de sélection des étudiants, jugés trop opaque. Mi-juillet 2022, plus de 90.000 jeunes bacheliers n'avaient toujours pas reçu de proposition durant la phase principale de vœux, tandis que 100.000 places de formation restaient vacantes.

Article original publié sur BFMTV.com