Papouasie-Nouvelle-Guinée : un nouveau bilan évoque 2 000 victimes ensevelies par le glissement de terrain

De fortes pluies seraient à l’origine du drame, toutefois l’action des secours est entravée par des chutes de pierre, le risque de nouveaux glissements de terrain et des violences tribales.

INTERNATIONAL - Des habitants enterrés vivants. Dans le Pacifique, les conséquences du vaste glissement de terrain survenu en Papouasie-Nouvelle-Guinée n’ont pas encore permis de prendre toute l’ampleur de ce drame, qui a enseveli plus de 2 000 personnes selon un nouveau bilan établi ce lundi 27 mai, trois jours après la catastrophe.

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Ce nouveau bilan dévastateur a été confirmé par les autorités du pays à l’ONU, évoquant « d’importantes destructions » en plus des nombreux habitants qui ont été enterrés vivants par ce glissement de terrain inattendu, mais sans doute provoqué par les fortes pluies qui se sont abattues sur la région ces dernières semaines. En mars, au moins 23 personnes avaient perdu la vie dans un glissement de terrain dans une province voisine.

Avec 2 000 personnes ensevelies, le nombre estimé de victimes a toutefois grimpé en flèche ces dernières heures, après avoir été relevé à 670 durant le week-end, lorsque les secouristes s’étaient aperçus que le village frappé par le glissement de terrain comptait bien plus d’habitants qu’attendu.

La catastrophe s’est déroulée vendredi vers 3h du matin (jeudi à 19h en France) quand un village à flanc de colline de la province d’Enga, situé au centre de l’archipel, a été emporté par l’effondrement d’un pan du mont Mungalo. Suffisant pour ensevelir des dizaines de maisons et leurs habitants, alors en plein sommeil.

« D’importantes destructions de bâtiments » et « de jardins vivriers » ont été rapportées par le centre national de gestion des catastrophes du pays, qui évoque également un « impact majeur pour l’économie du pays ».

Au nord de l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée dispose d’un des climats les plus humides du monde, et de violentes précipitations frappent régulièrement ses régions humides.
Google Maps Au nord de l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée dispose d’un des climats les plus humides du monde, et de violentes précipitations frappent régulièrement ses régions humides.

Et la prudence reste de mise, même trois jours après le drame, car « la situation reste instable ». En cause ? « Le glissement de terrain continue à se déplacer lentement, ce qui représente un danger permanent pour les équipes de secours et les survivants », expliquent les autorités dans leur courrier, consulté par l’AFP.

Et ce n’est pas le seul risque, alors que les opérations de secours sont déjà à l’œuvre sur place. Comme le rapporte Serhan Aktoprak, responsable de l’agence de l’ONU pour les migrations basé à la capitale Port Moresby, les sauveteurs réalisent une « course contre la montre » pour retrouver des survivants.

Une course engagée notamment contre « des pierres (qui) continuent de tomber et de faire bouger le sol ». Et « pour ne rien arranger, des eaux souterraines s’écoulent sous les débris, transformant la surface du sol en toboggan », a précisé le responsable onusien, précisant qu’environ 250 maisons situées à proximité ont déjà été évacuées par précaution.

Face à l’ampleur de la catastrophe, l’armée et les intervenants nationaux et régionaux ont déjà été mis à contribution. Mais l’aide de la communauté internationale a également été réclamé par la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle compte pour cela sur les Nations unies, en charge d’informer les partenaires d’aide au développement du pays « et d’autres amis internationaux » de la situation.

Pour autant, l’aide mobilisée sur place se confronte à un autre problème de taille, les violences tribales désormais à l’œuvre le long de la seule voie d’accès à la zone sinistrée, même si ces dernières ne sont pas « liées au glissement de terrain ».

Un village à flanc de colline de la province d’Enga (encerclée en rouge) a été presque totalement anéanti lorsqu’un pan du mont Mungalo s’est effondré.
Google Maps Un village à flanc de colline de la province d’Enga (encerclée en rouge) a été presque totalement anéanti lorsqu’un pan du mont Mungalo s’est effondré.

« De nombreuses maisons brûlent et d’autres dégagent de la fumée. Des femmes et des enfants ont été déplacés, et tous les jeunes et les hommes de la région sont armés de couteaux de brousse », a ainsi expliqué Serhan Aktoprak, citant un rapport d’un convoi d’aide tentant d’atteindre le site.

L’action des secouristes doit aussi s’adapter au manque d’information et de moyens. « Il est très difficile de recueillir des informations. Nous ne savons pas qui est mort parce que les registres sont ensevelis », a notamment déploré l’instituteur d’un village voisin, Jacob Sowai auprès de l’AFP.

Sur place, les habitants des alentours deviennent une aide précieuse pour permettre de déterrer les corps, à l’aide de simples outils agricoles. D’ailleurs, une entreprise minière voisine, New Porgera Limited, a accepté de fournir des excavateurs mécaniques pour aider les sauveteurs et dégager les routes.

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