Palme d'or: Justine Triet assure être "vraiment le produit de cette exception culturelle" française

Palme d'or: Justine Triet assure être "vraiment le produit de cette exception culturelle" française

"Je suis tellement heureuse, je ne réalise pas encore." Samedi soir, quelques heures après avoir remporté la Palme d'or à Cannes, Justine Triet, ne cachait pas son émotion sur BFMTV.

"Je suis très émue d'arriver après Jane Campion et Julia Ducournau. Je ne m'y attendais pas", a affirmé la réalisatrice d'Anatomie d'une chute.

La cinéaste de 44 ans est la troisième femme seulement, en 76 éditions, à gagner ce prix. Elle succède en effet à Jane Campion (La leçon de piano, 1993) et Julia Ducournau (Titane, 2021), confirmant le lent mouvement vers l'égalité dans une industrie du cinéma historiquement dominée par les hommes.

Pour la première fois cette année, sept femmes concouraient pour la Palme d'or, sur 21 cinéastes, un record pour le plus grand festival de cinéma au monde.

"Important pour moi de dire ces mots"

Après avoir reçu son prix des mains de l'actrice et activiste Jane Fonda, Justine Triet a tenu un discours engagé, dénonçant la manière dont la contestation contre la réforme des retraites avait été "niée et réprimée de façon choquante". Elle a également dénoncé la "marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend" et qui est en train "de casser l’exception culturelle française (...) sans laquelle [elle] ne serai[t] pas là aujourd'hui.

"C'était important pour moi de dire ces mots car c'était une année très particulière en France. Je ne pouvais pas ne pas parler de la situation", a expliqué la réalisatrice sur notre antenne.

Avant de poursuivre: "On a vécu deux années de Covid-19 dingues, et on est passés sur une année très politique selon moi. Cannes a toujours été l'endroit où on pouvait s'exprimer librement là-dessus. Je trouvais important d'avoir cette parole-là pour tout un milieu."

"Je suis le produit de cette exception culturelle"

Justine Triet a estimé "important de prendre la mesure des choses": "Je suis vraiment le produit de cette exception culturelle. Mon parcours est fait de ça. J'ai 44 ans, j'ai bénéficié de cette chance."

La cinéaste s'est dit en ce moment "très touchée" de "savoir comment ça va se passer pour les jeunes qui arrivent". Dans son discours, où elle a eu un mot pour les jeunes réalisateurs et réalisatrices, elle a donc souhaité aller "au plus près de ce qu'[elle] pouvai[t] ressentir".

Si elle affirme avoir eu "de la chance" pour financer et tournerson dernier long-métrage, elle affirme que ce n'est "pas simple" et que "le système entier bouge". "Je reste dans une économie de films d'auteurs, c'est un endroit qui me définit. Je me sens très chanceuse d'être là mais je pense aussi aux autres", a-t-elle conclu.

Article original publié sur BFMTV.com