Un pacte Dati-Macron pour les municipales 2026 à Paris ? Le scénario de la zizanie en Macronie

Un pacte Dati-Macron pour les municipales 2026 ? Le scénario de la zizanie en Macronie (photo prise en 2020)
BERTRAND GUAY / AFP Un pacte Dati-Macron pour les municipales 2026 ? Le scénario de la zizanie en Macronie (photo prise en 2020)

POLITIQUE - Deal sur la ville ? Depuis que Rachida Dati a été nommée ministre de la Culture, jeudi 11 janvier à la surprise générale, le monde politique et médiatique s’interroge : serait-ce le fruit d’un pacte avec le président de la République pour les prochaines élections municipales à Paris ?

Plusieurs rédactions affirment que oui. Selon Le Monde, l’ancienne garde des Sceaux sous Nicolas Sarkozy (2007 - 2009) a voulu obtenir la garantie qu’elle sera la future tête de liste d’une alliance entre la droite et le camp présidentiel en 2026, pour ravir la capitale aux mains de la gauche. Ce qu’Emmanuel Macron lui aurait accordé.

Un « deal » que la principale intéressée dément ce dimanche dans sa première interview donnée rue de Valois. Elle explique toutefois dans les colonnes du Parisien que son « objectif » demeure Paris, et qu’elle entend bien au passage cumuler sa fonction de maire du VIIe arrondissement avec celle de ministre de la Culture. Pas de quoi dissiper les doutes en Macronie autour d’une nouvelle donne politique qui a tout pour semer la zizanie.

« Tout deal fait sans nous ne nous engage pas »

Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un œil à la réaction de Pierre-Yves Bournazel, le conseiller municipal parisien proche d’Édouard Philippe. Celui qui s’est déjà lancé (ou presque) dans la course à la mairie de Paris, sous l’étiquette Horizons, se montre très dur à l’égard de Rachida Dati depuis sa nomination dans l’équipe de Gabriel Attal. Un gouvernement dont son parti est pourtant membre.

« Certains - ou certaines - sont constants dans le choix de servir leurs ambitions personnelles. Pour ma part, la constance signifie fidélité à Paris : quand on aime sa ville, on ne l’abandonne pas », a-t-il fustigé dans un communiqué de presse, dès jeudi soir, avant d’investir les médias pour critiquer le retournement de veste de la nouvelle ministre de la Culture.

Si ce n’était pas assez clair, le dirigeant précise à l’AFP : « tout deal fait sans nous (Horizons) ne nous engage pas. » Une phrase également répétée par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe à ses proches et relayé dans la presse.

Le problème, pour Pierre-Yves Bournazel, est le spectre d’une marginalisation à la faveur de ce potentiel accord Dati-Macron. Mais ce n’est rien par rapport à Renaissance, où plusieurs cadres lorgnaient avec plus ou moins d’insistance l’hôtel de ville parisien. Clément Beaune, par exemple, n’a pas caché ses ambitions au fil des mois depuis son ministère des Transports. Exfiltré, selon toutes vraisemblances, du nouveau gouvernement, il pourrait bien devenir hors course.

Tout comme Sylvain Maillard, l’élu parisien et chef de députés macroniste qui ne voulait pas entendre parler de la figure sarkozyste il y a encore quelques semaines. « Si c’est elle, je perds la moitié de mes électeurs. Dati, c’est la mort pour nous », faisait-il savoir, selon L’Express. « Il n’y a aucun arrangement » affirme-t-il ce dimanche sur France 3, tout en proposant une primaire pour départager les candidats de la majorité, sans exclure la présence de Rachida Dati à cette course interne. Équation complexe.

Candidate incontournable de la droite ?

De fait, la réaction de la droite parisienne est également à scruter. Candidate LR aux municipales de 2020, Rachida Dati n’avait pas pu empêcher la réélection d’Anne Hidalgo, son adversaire politique préférée. Mais avec 34 % des voix au second tour, elle a redonné une dynamique à son camp.

Depuis bientôt quatre ans, dans son rôle de première opposante, elle s’est même affirmée comme la candidate incontournable des LR en vue de l’échéance de 2026. Son éviction immédiate des Républicains par Éric Ciotti peut-elle changer les choses ? Juste avant sa nomination au gouvernement, l’ancienne ministre de la Justice a réuni les maires et parlementaires LR de la capitale pour conforter cette position. Avec succès ?

Rachida Dati « reste LR de cœur », a commenté Jean-Pierre Lecoq auprès de l’AFP, relativisant la sentence de l’état-major de la rue de Vaugirard. Le maire LR du VIe arrondissement a été le premier élu de la droite parisienne à afficher publiquement son soutien, esquissant la possibilité d’une alliance entre macronistes et Républicains. Son homologue Francis Szpiner parle bien d’une « erreur politique », dans une interview à France Culture... Mais il n’exclut pas de soutenir, in fine, l’ancienne garde des Sceaux.

« Il va falloir un ticket » pour 2026, résume pour sa part la maire (LR) du VIIIe arrondissement Jeanne d’Hauteserre, donnant corps à un éventuel pacte conclu entre Emmanuel Macron, Rachida Dati et Gabriel Attal… Le Premier ministre, cité jusqu’ici parmi les candidats potentiels pour mener les macronistes aux municipales. Les maux de tête ne font que commencer.

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