Pablo Longoria sur le départ ? Comment l’OM, pourtant invaincu en Ligue 1, a basculé dans le chaos en 48 heures

Des supporters marseillais pendant le match OM-Toulouse en Ligue 1, au stade Vélodrome, le 17 septembre 2023.
CLEMENT MAHOUDEAU / AFP Des supporters marseillais pendant le match OM-Toulouse en Ligue 1, au stade Vélodrome, le 17 septembre 2023.

LIGUE 1 - Comme souvent, tout peut aller très vite à l’Olympique de Marseille, dans le positif comme le négatif. Depuis ce dimanche et un match nul contre Toulouse (0-0), cela va même très très vite et malheureusement pour les supporters marseillais, dans le mauvais sens.

Ce mardi 19 septembre, l’OM, pourtant invaincu et troisième de Ligue 1, pourrait perdre son entraîneur espagnol, Marcelino, tandis que son président, Pablo Longoria, aurait lui songé à démissionner avant d’y renoncer. Une situation de crise presque inédite pour le club olympien, qui en a pourtant connu un certain nombre dans son histoire, dans laquelle les supporters ultras ont joué un rôle majeur.

Pour y voir plus clair et comprendre ce séisme, à l’entame d’une semaine où l’OM doit affronter coup sur coup - et à l’extérieur - l’Ajax d’Amsterdam en Ligue Europa et le PSG en Ligue 1, il faut reprendre les faits chronologiquement.

Entre le 9 août et le 1er septembre

Tout débute très mal pour les joueurs marseillais, dans la torpeur du mois d’août, quand ils se font sortir à la surprise générale par les Grecs du Panathinaïkos en 3e tour préliminaire de Ligue des champions. Une première désillusion pour le club, qui se consolera avec la Ligue Europa. Le début de saison en Ligue 1 est certes meilleur, mais reste loin d’être transcendant dans le contenu des matches : 2 victoires et 2 nuls, contre des adversaires qui ne sont pas promis au haut de tableau.

17 septembre

Après la trêve internationale de rentrée, la Ligue 1 reprend ses droits avec un Marseille-Toulouse au stade Vélodrome. Quatre-vingt-dix minutes très ternes plus tard, la réaction des 63 477 spectateurs présents est à la hauteur du spectacle proposé : une immense bronca après un match nul raté et sans but. Les ultras invitent alors les joueurs à « mouiller le maillot » ou à « se casser », un chant traditionnel des périodes de crise.

18 septembre

Tout s’accélère au lendemain de cette performance sans saveur. Lors d’une réunion prévue de longue date avec les leaders des groupes de supporters ultras, très influents à l’OM et menés par celui des South Winners Rachid Zeroual, l’ambiance est extrêmement tendue entre ceux-ci et le président Pablo Longoria, le directeur du football Javier Ribalta, le directeur financier Stéphane Tessier et le directeur général Pedro Iriondo, tous réunis dans la salle de conférence de presse du centre d’entraînement marseillais.

Comme le rapporte RMC Sport, les griefs des supporters tournent autour de la récente gestion de joueurs emblématiques du vestiaire (Dimitri Payet, Mattéo Guendouzi ou Steve Mandanda il y a un an), le départ d’Alexis Sanchez ou le choix et le style de l’entraîneur espagnol Marcelino, coupable d’avoir été choisi selon certains car ami de Pablo Longoria.

Toujours selon RMC Sport, selon certains témoins de cette réunion expéditive, les dirigeants autour de la table restent « choqués et sans mot » face à ce qui leur est reproché. Ce sont les supporters eux-mêmes qui mettent fin à l’entrevue et quittent dans la foulée la Commanderie, d’après le média sportif.

19 septembre

Le jour du basculement. Selon L’Équipe et RMC Sport en début d’après-midi, Marcelino a annoncé son départ à ses joueurs dans la matinée après avoir dirigé l’entraînement. Le technicien espagnol n’aurait pas digéré les discussions de la veille entre supporters et dirigeants, indique RMC Sport. Il deviendrait alors le coach le plus éphémère de l’OM au XXIe siècle (7 matches officiels).

En attendant l’officialisation de ce départ, Jean-Pierre Papin est pressenti sur le banc jeudi face à l’Ajax Amsterdam, pour la première journée de la Ligue Europa, écrit L’Équipe. L’ancienne star olympienne était jusque-là conseiller de Pablo Longoria au club, et sa dernière expérience d’entraîneur remontait à la période 2020-22, quand il dirigeait le club de Chartres au quatrième échelon national.

Après cette annonce, on croyait avoir vécu le plus gros en ce mardi de fin d’été. C’était sans compter sur cette information délivrée exclusivement par la version espagnole d’Eurosport : le président Pablo Longoria quitterait lui aussi le navire, également très marqué après la réunion de lundi avec les représentants des supporters, pendant laquelle il aurait reçu des menaces de mort.

En milieu d’après-midi, L’Équipe publie un nouvel article dans lequel il indique qu’il n’y aurait pas eu de menaces de mort lors de la réunion. Surtout, le journal sportif annonce que Pablo Longoria a confié en privé avoir pensé à démissionner, avant de revenir sur sa position dans l’après-midi, lui qui a depuis eu l’actionnaire américain Franck McCourt au téléphone.

Dans la soirée, nouvelle péripétie au cours de cette folle journée, quand Pablo Longoria et Javier Ribalta, Pedro Iriondo et Stéphane Tessier choisissent de « se mettre en retrait » pour « réfléchir » à leur avenir au sein de l’OM, selon une source ayant connaissance du dossier interrogée par l’AFP. Ils ne se rendront pas à Amsterdam jeudi pour le match de Coupe d’Europe, mais « aucune décision n’a été prise » quant à leur maintien ou non dans leurs fonctions.

Dans la foulée, l’OM communique enfin officiellement, revenant sur la réunion explosive de lundi. Mais ne dit mot sur la situation autour de Marcelino.

« À la suite d’une réunion qui s’est tenue le lundi 18 septembre 2023 au Centre d’entraînement Robert Louis-Dreyfus, des représentants des associations de supporters ont exprimé leur souhait de voir l’actuel Directoire de l’OM démissionner. La menace d’une “guerre” (sic) à leur égard a été émise, tant qu’ils ne démissionneraient pas », écrit notamment le club dans un communiqué publié sur son site.

« Le Directoire de l’OM croit en une relation transparente et régulière avec ses supporters, et tout le monde au club – joueurs, staff et direction – considère que les critiques font partie intégrante du rôle et de l’honneur de représenter l’OM sur et en dehors du terrain », poursuit-il.

« En revanche, le Directoire de l’OM ne peut accepter les menaces personnelles. Ses membres ne peuvent tolérer des attaques individuelles et toute forme de diffamation publique infondées. Une relation basée sur l’intimidation ne peut garantir les conditions minimales acceptables pour que le Directoire du club puisse continuer à s’investir pour la transformation de l’OM », conclut le club phocéen.

La situation se décantera-t-elle dans les prochaines heures dans cette crise fulgurante ? Quoi qu’il arrive, la rupture semble consommée entre supporters et dirigeants.

Un calendrier dantesque pour les 15 prochains jours

Ce qui est sûr, c’est que l’OM traverse cette crise à un moment (déjà) charnière de sa saison. Il va jouer ce jeudi son match le plus dur de sa poule d’Europa Ligue, à l’extérieur, sur la pelouse de l’Ajax Amsterdam. Trois jours plus tard, ce sera l’heure du « Classique » face au PSG, au Parc des Princes, un adversaire qu’il n’a battu qu’une fois en Ligue 1 depuis 11 ans. Ensuite ? Il faudra se déplacer à Monaco le week-end suivant, actuel leader, avant de recevoir Brighton en Coupe d’Europe, solide 5e du championnat anglais…

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