Le pétrole, cocaïne des énergies

Le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie prévoit que la demande mondiale de pétrole, de gaz naturel et de charbon – dont la combustion émet de grandes quantités de gaz à effet de serre – atteindra son maximum dans moins de sept ans.

Champagne pour le climat ?

Pas vraiment.

D’abord, parce que le document de 354 pages publié mardi prévient d’emblée qu’un pic d’utilisation des combustibles fossiles ne suffira pas à arrêter le réchauffement planétaire. Aussi, parce que, comme le note The New York Times, “les prévisions sur les tendances énergétiques mondiales sont notoirement difficiles, et l’Agence internationale de l’énergie s’est déjà trompée par le passé”. On n’a plus qu’à croiser les doigts.

Sauf que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) imagine tout autre chose. L’année dernière, elle a publié ses propres perspectives : une augmentation de la demande mondiale de pétrole et de gaz naturel jusqu’en 2045… De quoi casser encore plus l’ambiance.

D’ailleurs, le rachat du producteur américain de gaz et de pétrole Hess par Chevron, annoncé le 23 octobre, et celui de Pioneer Natural Resources par Exxon, le 11 octobre, démontrent la confiance des acteurs du secteur dans le fait que les combustibles fossiles joueront un rôle majeur dans les années à venir.

Ces transactions impliquant des dizaines de milliards de dollars soutiennent une thèse qui circule actuellement, et qu’a portée Sultan Al-Jaber, président de la future COP28 lors de sa tournée promotionnelle des grands médias européens en octobre. Selon lui, le succès des grandes entreprises d’hydrocarbures doit permettre de financer le solaire et l’éolien, et de soutenir la décarbonation des énergies fossiles, comme il entend le faire pour Adnoc, géant pétrolier émirati dont il est le PDG.

Partout, cette idée fait son chemin. Dans The Guardian, Durwood Zaelke et Maxime Beaugrand, du think tank Institute for Governance and Sustainable Development assurent : “Laissons les énergies fossiles engranger des bénéfices pour financer la lutte, si essentielle, contre le méthane”, un puissant gaz à effet de serre. Ce qui, pour le climatologue et géophysicien américain Michael E. Mann, revient à dire : “Laissons la cocaïne engranger des bénéfices pour financer la lutte si essentielle contre le cannabis.”

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