Pénurie de carburants : la grève reconduite sur de nombreux sites, une première réquisition lancée

ESSENCE - Déposer les armes ou prendre le risque d’une confrontation avec l’État qui menace désormais d’un recours à l’arme ultime : les réquisitions des personnels pour débloquer les dépôts de carburants des groupes pétroliers Esso-ExxonMobil et TotalEnergies. « Ce serait la guerre », a immédiatement prévenu sur franceinfo Emmanuel Lépine, le secrétaire général de la Fédération professionnelle de pétrole de la CGT, qui représente des stations Esso et Total.

Le dialogue social est-il encore possible ? Ce mercredi 12 octobre s’annonce décisif alors qu’un tiers des stations-service sont toujours affectées par des pénuries de carburant. Un accord salarial avait été conclu lundi par deux organisations syndicales d’Esso-ExxonMobil, majoritaires à l’échelle du groupe mais pas dans ses raffineries.

Une nouvelle réunion ce mercredi après midi chez Esso

« Le dialogue social, c’est avancer, dès lors qu’une majorité s’est dégagée. Ce ne sont pas des accords a minima. Les annonces de la direction sont significatives », a estimé Élisabeth Borne devant l’Assemblée mardi, soulignant la portée de l’accord intervenu lundi chez Esso-ExxonMobil. Elle a annoncé dans la foulée qu’elle avait demandé aux préfets d’engager la procédure de réquisition des sites de Gravenchon en Seine-Maritime et de Fos-sur-mer dans les Bouches-du-Rhône.

De son côté TotalEnergies a convié les syndicats représentatifs qui « ne participent pas au mouvement de grève » à une réunion de « concertations et d’échanges » ce mercredi après-midi. « Si la CGT lève tous les blocages de sites avant demain midi, elle sera bienvenue à cette réunion de dialogue », a précisé le géant français de l’énergie, alors qu’une bataille de communication se déroule sur le salaire et les rémunérations accordés aux salariés de la branche pétrole.

Moins de grévistes mais les sites toujours bloqués

Le ministère de la Transition énergétique a précisé mardi soir que les arrêtés de réquisition du personnel étaient « prêts » pour les dépôts d’Esso-ExxonMobil, mais pas encore pris. Le ministère veut croire à une « reprise de l’activité », notamment au dépôt de la raffinerie de Gravenchon. « On espère que cette reprise va se poursuivre et qu’on n’aura pas besoin d’avoir recours à des mesures de réquisition », a-t-il ajouté.

Il y avait effectivement un peu moins de grévistes mardi après-midi, a reconnu une source syndicale, se refusant toutefois à parler d’une reprise du travail. Le ministère a également indiqué qu’un autre arrêté de réquisition était prêt pour le dépôt de carburant TotalEnergies de Flandres, près de Dunkerque. Il « sera activé si la grève se poursuit demain malgré l’ouverture des négociations envisagée », a-t-il prévenu.

« On s’en doutait », a réagi Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité européen TotalEnergies Europe, évoquant le caractère stratégique de ce dépôt très important. Selon lui, l’État rencontrerait aussi moins de résistance sur ce site qui compte à peine 120 salariés que sur une raffinerie comme celle proche du Havre qui en emploie 1.700, sans compter les dockers voisins.

Une raffinerie de retour en grève après la menace de réquisitions

Quoi qu’il en soit, la Confédération CGT appellera « en cas de réquisition, toutes ses bases, toutes ses structures (...) à rejoindre massivement tous les piquets de grève sur les raffineries », a-t-il prévenu. Autre indice qu’une reddition est incertaine, la raffinerie de Donges en Loire-Atlantique a prévu de revenir mercredi dans le mouvement. De nombreuses raffineries ont
également apporté leur soutien.

La CGT de TotalEnergies réclame 10% d’augmentation sur les salaires pour 2022, contre les 3,5% obtenus en début d’année, le géant de l’énergie ayant engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfice au premier semestre 2022. En cas de réquisition, « on ira devant les tribunaux pour les faire annuler », a également averti Eric Sellini, coordinateur CGT pour TotalEnergies, tandis que la CGT d’Esso-ExxonMobil a dénoncé « une remise en cause du droit de grève ».

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