OVIDIEex-actrice porno «L’érotisme blanc passe mieux que l’érotisme noir»

«Pour moi, être féministe, c’est faire ce qu’on veut de son corps. La notion de choix change tout. Britney Spears a déclaré il y a quelques années qu’on lui demandait d’aller plus loin dans ses clips et de capitaliser sur son corps. Là, il ne s’agit pas de se dénuder par choix parce que ça nous libère, mais de faire l’objet de pressions pour faire vendre. Kim Kardashian, elle, ne fait rien, mais elle vend son image autour d’un personnage qu’elle s’est construit. Elle se transforme en objet. A partir du moment où un individu est réduit à une partie de son corps, on ne peut pas parler de libération.

«Pour Nicki Minaj, c’est différent, parce qu’elle s’inscrit dans une approche afro-féministe, qu’elle n’est pas complètement dans les normes, et qu’elle a par ailleurs une démarche militante. D’un côté, Nicki Minaj ou Beyonce tiennent un discours de libération. Mais d’un autre côté, elles sont aussi prescriptrices d’une norme corporelle, d’un postérieur rebondi, travaillé avec des exercices. Et au final, tout cela est récupéré par l’industrie de la musique, tenue par des hommes blancs. Je trouve juste cette remarque dans une lettre ouverte parue sur Terrafemina : l’érotisme blanc d’une femme maigre (Lou Doillon) passe mieux que celui d’une femme noire, vite cataloguée vulgaire.

«Pour autant, peut-être que Lou Doillon a cité d’autres exemples qui n’ont pas été retranscrits. Il ne s’agit pas seulement d’afro-féminisme, la question s’étend à des artistes blanches. Il faut se méfier des attaques contre ces filles, éviter de jouer le jeu de ceux qui pratiquent le slut shaming. C’est une question compliquée, car il n’y a pas de convergence des luttes féministes, on ne peut parler d’une seule féminité. On ne cesse de se "fighter" entre nous. Du coup, Elisabeth Lévy [du magazine Causeur, ndlr] doit se frotter les mains.

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