Ouverture du G20 à New Dehli, sans Vladimir Poutine ni Xi Jinping
Le G20 s'est ouvert ce samedi matin à New Dehli en l'absence remarquée de deux figues de poids : celle de Vladimir Poutine, pour cause de guerre en Ukraine, et celle du Chinois Xi Jinping, qui n'a pas donné d'explication officielle (alignement sur Moscou ou refus de croiser Joe Biden ?)
Malgré ces absences, les dirigeants du G20 vont tenter de surmonter leurs divisions sur l'Ukraine et le climat, et cherchent des engagements concrets en faveur des pays en développement. C'est en tous cas le défi du Premier ministre indien Narendra Modi qui accueille le G20.
L'Inde a affiché sa volonté d'être le porte-voix pour "les besoins des pays du Sud".
Le G20 de New Delhi devrait a minima envoyer un message à l'Afrique, en actant l'octroi d'un siège permanent à l'Union africaine. Une initiative qui a reçu le soutien de plusieurs membres, dont les Etats-Unis et l'Union européenne.
Projet maritime majeur au Moyen-Orient
Un accord de principe doit aussi être signé lors du G20 entre les Etats-Unis, l'Arabie saoudite - représentée au sommet par le prince héritier Mohammed ben Salmane - les Emirats arabes unis, l'UE et d'autres partenaires du G20 en vue d'un grand projet de transport maritime et ferroviaire traversant le Moyen-Orient pour relier l'Inde à l'Europe, a indiqué samedi le conseiller adjoint américain à la sécurité nationale Jon Finer.
Le projet "a un potentiel énorme", et est "le résultat de mois de diplomatie prudente (...) dans des cadres bilatéraux et multilatéraux", a-t-il précisé.
Cette annonce intervient au moment où le président américain Joe Biden travaille à une éventuelle normalisation des relations entre Israël (qui pourrait éventuellement rejoindre le projet à terme) et l'Arabie saoudite, dans la foulée de celles avec les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc.
En revanche, les pays du G20 risquent de peiner davantage à trouver un consensus sur les questions géopolitiques ou le climat. Des sujets pourtant lourds de conséquences pour les pays en développement, en première ligne face aux événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique, comme face à l'insécurité alimentaire que nourrit la guerre en Ukraine en pesant sur les prix des céréales.
L'absence d'engagements solides sur le climat notamment serait un échec "potentiellement catastrophique" pour ces pays représentant 85% du PIB mondial responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre, a averti Amnesty International jeudi.
Plus tôt cette semaine, à Nairobi, les participants au premier sommet africain sur le climat ont aussi appelé la communauté internationale à les aider à faire fructifier le potentiel du continent dans la lutte contre le réchauffement climatique, via des investissements et une réforme du système financier international.
Famille "dysfonctionnelle"
Les désaccords au sein du G20 sur l'attitude à avoir face à Moscou, l'abandon progressif des combustibles fossiles et la restructuration de la dette rendront difficile une déclaration finale ce dimanche.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre les divisions croissantes et les risques de conflits qui en découlent.
"Si nous sommes effectivement une famille mondiale, nous ressemblons aujourd'hui à (une famille) plutôt dysfonctionnelle", a-t-il regretté vendredi lors d'une conférence de presse à New Delhi.
En l'absence des présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping, Joe Biden devrait occuper le devant de la scène.
Il discutera "d'une série d'efforts conjoints pour s'attaquer aux problèmes mondiaux", notamment le changement climatique, et "l'atténuation des conséquences économiques et sociales de la guerre menée par la Russie en Ukraine", qui affecte les pays les plus pauvres, a indiqué son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan.
Joe Biden veut proposer une alternative occidentale aux gigantesques projets d'investissements chinois dans les pays en développement.
Il doit ainsi plaider pour muscler les capacités de financement du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.
Des réformes en cours de négociations visent déjà à améliorer la gouvernance des institutions financières internationales, notamment en y accordant plus de place aux grands pays émergents et en y intégrant plus clairement les questions de financement face au réchauffement climatique.