Ouverture d'une enquête pour propos racistes visant plusieurs élus en Polynésie

La procureure de la République en Polynésie française a annoncé mercredi l'ouverture d'une information judiciaire pour "provocation publique à la discrimination" raciale visant plusieurs élus de la majorité.

En décembre, l'ancien président de Polynésie Edouard Fritch, aujourd'hui dans l'opposition, avait déposé des plaintes auprès du parquet de Papeete après des propos tenus par Rony Teriipaia, l'actuel ministre de l'Education du président polynésien Moetai Brotherson, ainsi que par Mitema Tapati, représentant de la majorité au sein de l'Assemblée de la Polynésie française.

Dans un communiqué, la procureure de la République de cette collectivité française du Pacifique, Solène Belaouar, a indiqué avoir "décidé d'ouvrir une information judiciaire" pour "provocation publique à la discrimination en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion par une personne chargée de mission de service public".

La Polynésie a "considérablement blanchi"

Cette enquête vise "plusieurs représentants de l'Assemblée" de Polynésie, a-t-elle ajouté, sans les nommer. Le représentant Mitema Tapati pourrait être concerné, de même que le leader indépendantiste Oscar Temaru, également élu de l'Assemblée de la Polynésie française.

En octobre, lors d'une prise de parole dans l'hémicycle, Mitema Tapati avait déclaré en langue tahitienne que la Polynésie avait "considérablement blanchi".

Deux jours plus tôt, Oscar Temaru s'était ému lors d'une conférence publique d'une "invasion" de Métropolitains, ajoutant avoir "peur d'un changement démographique".

Invité à commenter la polémique naissante, le ministre de l'Education avait quant à lui déclaré, dans les colonnes du quotidien Tahiti Infos, que ces propos n'étaient "pas du racisme". "C'est la réalité (....) En France, on dit bien qu'il y a l'invasion de toutes les communautés arabes. C'est exactement pareil", avait ajouté Ronny Teriipaia.

Le délit de provocation publique à la discrimination en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion par une personne chargée de mission de service public est passible de trois ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende. Un juge d'instruction sera désigné pour mener à bien les investigations.

Article original publié sur BFMTV.com