En Ouganda, l’expérience d’une justice transitionnelle et réparatrice

Comparaissant [le 19 janvier] depuis la prison de haute sécurité de Luzira, dans la capitale Kampala, Thomas Kwoyelo [alias “Latoni”] pose un regard inquisiteur sur la salle d’audience à moitié vide située à Gulu, dans le nord de l’Ouganda.

Représenté au tribunal par une batterie d’avocats chevronnés, Kwoyelo, bien qu’il ait abandonné l’école primaire en 1992 lorsqu’il a été enlevé par l’Armée de résistance du Seigneur [Lord’s Resistance Army, LRA], porte un costume de businessman trop grand pour lui.

Lors de cette séance du 19 janvier organisée en milieu de matinée, la greffière adjointe de la Haute Cour, Juliet Hatanga, lit la litanie des chefs d’accusation retenus contre lui.

Premier et unique commandant de la LRA à être jugé par un tribunal ougandais [en détention depuis 2009, Thomas Kwoyelo est le premier accusé à comparaître devant cette juridiction spéciale créée au sein de la justice ougandaise pour traiter des crimes internationaux ; son procès a débuté en 2018], il doit répondre de pas moins de 78 chefs d’accusation, dont ceux de meurtre, pillage, traitement cruel, atteinte à la vie, outrage à la dignité humaine, torture, viol, réduction en esclavage, emprisonnement, enlèvement dans l’intention de tuer et vol aggravé. [Engagé dans la LRA sous le commandement de Joseph Kony, Kwoyelo y a atteint le grade de colonel. Il est accusé d’avoir mené une série d’attaques, entre 1993 et 2005, sur le village d’Abera et les camps de personnes déplacées de Pagak et Pabbo, accompagnées d’enlèvements, d’assassinats, de mutilations et de torture de dizaines de personnes, dont des femmes et enfants. Il s’était rendu en 2008 à l’armée ougandaise.]

“Cette fois-ci, il s’est passé quelque chose”

Devant la Division des crimes internationaux de l’Ouganda (ICD)*, un panel de quatre juges entend l’affaire, qui s’éternise sur une durée record de quinze années depuis sa capture, en 2008.

Les retards de la procédure, difficilement compréhensibles, sont dus à de “multiples facteurs” et à la “nature complexe du procès”, a tenté d’expliquer la justice ougandaise.

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