Qu’est-ce que l’Ostreopsis, cette microalgue toxique de plus en plus présente sur les plages françaises ?

Des microalgues Ostreopsis, à l’origine de près de 900 cas d’intoxications, prolifèrent sur les côtes françaises.

L’Ostreopsis est notamment surveillée sur la plage du port vieux à Biarritz, France (crédit : getty image)
L’Ostreopsis est notamment surveillée sur la plage du port vieux à Biarritz, France (crédit : getty image)

Une algue toxique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. L’Ostreoposis, qui compte en réalité deux grandes espèces Ostreopsis siamensis et Ostreopsis ovata, s’impose depuis une vingtaine d’années sur le littoral français. Tout droit venue des pays tropicaux, cette microalgue a d’abord pris ses aises sur le littoral de Méditerranée avant d’envahir la côte basque, où elle est apparue dès le printemps cette année. "On sait grâce à des études ayant suivi son ADN le long de la côte Atlantique qu’on en retrouve jusqu’en Bretagne", expliquait Carole Catastini, qui travaille à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) à Libération.

Dans le monde, ce type d'algue est de plus en plus observé dans des zones tempérées comme la Nouvelle-Zélande ou encore le sud-est de la Russie, précise Surfrider (voir graphique ci-dessous). La faute au réchauffement climatique, qui augmente la température de l'eau, mais aussi au trafic des bateaux sur lesquels elle s'accroche.

La prolifération de l’Ostreoposis commence lorsque la température de l’eau dépasse les 20°C . L'algue s’accumule à la surface de l’eau pour former ce qu’on appelle des “fleurs d’eau”. Un joli nom pour décrire des amas marron qui peuvent atteindre plusieurs mètres carrés pour certains. Mais elle n’est pas toujours visible à l’oeil nu, ce qui ne l'empêche pas de causer des intoxications.

Les symptôme de l'intoxication

Comment savoir si on a été en contact avec l’algue toxique ? “La sensation d’un goût métallique dans la bouche, même si elle a seulement été inhalée et non ingérée”, précise l'Anses qui a rendu un rapport sur le sujet le 20 juin dernier. Les auteurs confirment que la prolifération de cette microalgue produit des toxines, dans l’eau, dans l’air ou dans des organismes marins (poissons, coquillages). L’Ostreopsis peut donc intoxiquer des baigneurs, mais aussi des promeneurs. De rares cas d’intoxication par voie alimentaire ont été rapportés en dehors de l’Europe, mais le lien avec l'algue n’a pas été formellement démontré.

Dans le sud du golfe de Gascogne, environ 900 personnes se sont plaintes de divers symptômes au contact de la microalgue depuis 2021 : toux, mal de gorge, nez et yeux qui coulent, saignements de nez, gêne respiratoire, fièvre, tremblements, douleurs musculaires, maux de tête, nausées, éruptions cutanées entre autres. Ils “sont généralement de faible gravité”, note l’Agence régionale de Santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine. Ils se manifestent généralement dans un délai maximal de 6 heures après l’exposition et disparaissent généralement sous 3 à 4 jours, sans complications.

Les réflexes à adopter

Que faire si vous avez été en contact avec l’Ostreopsis ? Prendre une douche à votre retour de la plage en prenant soin de vous laver le corps et les cheveux pour éliminer les toxines. Il est recommandé aux pêcheurs d’éviscérer tous les poissons, même les petits, avant de les consommer, car les toxines s’accumulent dans l’appareil digestif. Par précaution, il n’est pas recommandé de prélever de coquillages ni d’autres produits de la mer en cas de prolifération et encore moins de les consommer.

Les personnes présentant des antécédents ORL (asthme, bronchite chronique…) ou de maladies cardiovasculaires doivent éviter la plage et ses abords et consulter un médecin en cas d’apparition de symptômes inhabituels. Il est aussi nécessaire de consulter un médecin si les symptômes persistent plus de trois ou quatre jours ou s’aggravent (gêne respiratoire marquée, douleurs musculaires, tremblements prolongés ou signes cutanés généralisés).

En cas de forte concentration d’Ostreopsis, des messages d’information sont diffusés par les autorités sanitaires (ARS), seules compétentes en la matière. La Communauté Pays Basque relaie ces recommandations en temps réel via l’application Kalilo et auprès des postes de secours pour l’ensemble des plages de la côte basque.

VIDÉO - Une prolifération d'algues toxiques tue des milliers de poissons en Californie