Aux origines orientales de la physique moderne

L'histoire des sciences revendique beaucoup de figures européennes. Mais certaines lois du monde ont été découvertes ailleurs, et bien avant. C'est vers l'Est qu'il faut se tourner pour trouver ces pionniers, dont les travaux ont servi de fondements indirects à la révolution scientifique occidentale.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°212 daté janvier/ mars 2023.

Parmi les grands noms de la physique, l’histoire a retenu Copernic, Galilée, Kepler ou Newton, considérés comme les fondateurs de la physique moderne, ou encore, bien avant eux, Anaximandre et Aristote. Mais en Orient, parfois avant même leurs homologues grecs, des esprits affûtés se sont penchés sur le fonctionnement de l’Univers. Leurs apports, parfois fantaisistes, souvent d’une étonnante clairvoyance, ont indirectement contribué aux fondements de la physique moderne.

En Inde, quelque six cents ans avant notre ère, le sage Kanada fondait l’école philosophique Vaisheshika dont l’un des canons propose une discontinuité de l’Univers, fait de vide et d’une matière elle-même composée d’unités indivisibles et inobservables, les atomes. Cela, plusieurs siècles avant le Grec Leucippe ! De même que les philosophes du mouvement jaïniste, né aux alentours du 10e siècle avant notre ère, cette école avance l’hypothèse que ces unités peuvent se rencontrer et, en fonction de leur nature, interagir par force d’attraction ou de répulsion, formant des agrégats plus larges et complexes : une sorte de proto-concept de la molécule.

Ces idées, qui ne semblent pas se fonder sur un socle expérimental ou une observation directe, s’inscrivent dans une démarche de connaissance à des fins spirituelles et philosophiques davantage que d’acquisition de savoirs purs. Elles n’en constituent pas moins un effort pour comprendre le monde. Ces théories atomistes antiques, clairvoyantes dans une certaine mesure quant à la réalité physique de la matière, s’accompagnent d’une théorie des éléments.

Alors que chez les Grecs, Empédocle soutient que la nature est constituée de quatre éléments éternels, l'eau, l'air, le feu, la terre, la philosophie vaisheshika complète ces substances fondamentales par l'éther, et associe leurs propriétés aux sens humains. Ainsi, la terre possède des qualités de goût, de[...]

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