Opposition, syndicats, associations... Les annonces d'Attal sur la violence des jeunes ne font pas l'unanimité

Les annonces de Gabriel Attal pour lutter contre la violence des jeunes n'ont pas convaincu l'opposition, ni les professionnels de l'éducation.

Responsabilisation des parents, contrôle des écrans, sanctions contre les élèves perturbateurs... Depuis Viry-Châtillon (Essonne), où a été tué le jeune Shemseddine, Gabriel Attal a détaillé une batterie de mesures pour lutter contre la violence des jeunes et réinstaurer "l'autorité à l'école".

Si son discours appelait à la "mobilisation générale de la Nation", il n'a suscité que peu d'approbation dans la classe politique. À gauche, Fabien Roussel a dénoncé sur X la "violence" de la politique du gouvernement, laquelle doit selon lui être "sanctionnée".

"Stigmatiser une jeunesse"

Évoquant la proposition de Gabriel Attal d'imposer des travaux d'intérêt général aux "parents défaillants", le secrétaire national du Parti communiste a estimé qu'"on devrait surtout proposer des travaux d’intérêt général aux ministres incompétents, responsables d’un déficit inédit, qui exonèrent les riches et font payer leurs erreurs aux français!".

"Les annonces sur la jeunesse du gouvernement sont dramatiques", a abondé sur le même réseau social la députée écologiste Sandrine Rousseau. "Tout cela n’a qu’un seul but: stigmatiser une jeunesse", estime-t-elle.

"La jeunesse du 6e arrondissement, elle aura marqué 'fauteur de trouble' sur son Parcoursup vous croyez?", a-t-elle interrogé dans un second post, alors que Gabriel Attal souhaite que les élèves perturbateurs soient identifiés comme tels sur la plateforme d'inscription à l'enseignement supérieur.

À droite, le porte-parole des Républicains Guilhem Carayon a balayé sur France info des "concepts fumeux qui n’aboutissent à rien de concret pour les Français" avant de réclamer une réforme sur "la responsabilité pénale des mineurs".

Du côté du Rassemblement national, Marine Le Pen a dénoncé un "théâtre de com'" depuis la Réunion où elle est en déplacement. "J'attends de voir la réalité des consignes qui seront données aux parquets, du nombre de procédures engagées, notamment contre les parents défaillants. Pour l'instant, c'est proche de zéro", a-t-elle affirmé.

L'Unicef exprime sa "vive préoccupation"

Dans le milieu scolaire, les réactions sont également sceptiques. Jean-Rémi Girard, président du syndicat des lycées et collèges (Snalc), a jugé "léger" les annonces du chef de gouvernement.

"La commission éducative dans le premier degré, pas sûr que ça change grand-chose. Et cette mention que l'élève est perturbateur, elle apparaît déjà dans le dossier Parcoursup et sur les bulletins de l'élève", a-t-il balayé sur BFMTV. Quant à la "signature d'un contrat" entre l'établissement et les parents d'élèves: "ils signent déjà le règlement intérieur et d'autres chartes, ça n'a jamais fait baisser les agressions et les violences", estime-t-il.

"Je vois beaucoup d'annonces autour de l'idée de sanctionner les élèves, voire les parents en cas de difficultés. Je vois peu d'annonces autour de l'accompagnement et de la prévention", a regretté sur France info Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs d'établissements.

Le responsable syndical pose aussi la question des moyens. "L'idée de garder les enfants pour les occuper plutôt qu'ils soient dans certains cas livrés à eux-mêmes" est selon lui une bonne mesure, mais "la question est avec qui et pour quoi faire ? Et ça nécessite des millions d'euros".

Les annonces de Gabriel Attal ont fait réagir jusqu'à l'Unicef. L'agence de l'ONU chargée des droits de l'enfant a "exprimé sa vive préoccupation" à l'égard de mesures qui "semblent compromettre les avancées de la justice pénale des mineurs".

Article original publié sur BFMTV.com