« Oppenheimer » repart des Oscars avec sept statuettes, mais est-ce (vraiment) mérité ?
OSCARS - Christopher Nolan n’avait pas assez de bras pour porter tous les prix reçus lors de la 96e cérémonie des Oscars. Oppenheimer s’est imposé dans sept catégories différentes au palmarès de l’édition 2024, et notamment Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur pour Cillian Murphy et Meilleur acteur dans un rôle secondaire pour Robert Downey Jr. Le long métrage dédié au père de la bombe atomique était le grand favori de la soirée avec 13 nominations, et son succès était annoncé. Pourtant au HuffPost, on se demande malgré tout, s’il est vraiment si mérité que cela.
En entendant s’enchaîner les « Oppenheimer » et « Christopher Nolan » ce 10 mars à l’annonce des prix sur la scène des Oscars, on le reconnaît, on a un peu grimacé. 5 Golden Globes, 7 Baftas, 3 Sag Awards. Et puis quoi encore ? 7 Oscars. Oppenheimer est-il un bon film ? Évidemment. Un très bon film ? Oui. Un film qui mérite d’écraser la compétition à chaque cérémonie depuis des mois ? Joker.
Assumons-le, Oppenheimer était peut-être le cheval sur lequel misaient tous les bookmakers depuis des mois, mais ce n’était pas notre favori pour cette compétition, ni d’ailleurs pour les précédentes. Et nous ne sommes pas les seuls. À sa sortie en juillet dernier, le film n’a pas reçu que des critiques positives, très loin de là. Si de manière unanime, Oppenheimer a été salué pour la beauté de nombreuses scènes et le jeu de ses acteurs, cela ne fait pas tout.
Les critiques les plus acides contres Oppenheimer
Forbes qualifiait par exemple Oppenheimer de « brûlant bazar destiné aux hommes blancs d’âge moyen », sous-exploitant les personnages féminins et offrant un enchaînement de scènes parfois brillantes, parfois ennuyeuses, sans liant. The Verge présentait le long-métrage comme un « assortiment chaotique de vignettes dues à un réalisateur plus concentré par la performance que par le fond ». Mashable mettait en avant les performances de certains acteurs et notamment de Cillian Murphy dans un film « profondément Nolanien, et profondément imparfait ». Le New Yorker qualifiait Oppenheimer de « film destiné à la chaîne Histoire avec un joli montage », mais qui passe à côté de la complexité de son personnage.
Des avis tranchés que pour certains, nous partageons entièrement. Claque visuelle évidente (comme tous les films de Christopher Nolan) Oppenheimer dure trois longues heures. Trois heures durant lesquelles on a souvent eu l’impression d’assister à un cours d’Histoire dans un amphitéâtre et de suivre une succession de diapositives. Un biopic qui ne parvient d’ailleurs pas vraiment à balayer parfaitement toute la complexité de l’homme dont il fait le portrait, ignorant ses origines et glissant trop vite sur son rapport aux femmes et sa paternité. Un film qui nous a laissé en bouche un goût un peu amer de « Oui, c’était bien, mais. »
Outre les critiques sur la cinématographie, le film a également été pointé du doigt pour certaines « omissions » dérangeantes. Christopher Nolan a tout d’abord été accusé d’avoir présenté le projet Manhattan et son accomplissement à Los Alamos comme « une grande victoire américaine », et d’avoir beaucoup trop mis de côté les conséquences dramatiques de la création de la bombe atomique et les milliers de morts qu’elle a engendrées, comme le rappelle le Guardian.
De plus, le film omet un autre aspect : les conséquences des essais nucléaires sur le peuple Navajo dans la région de Los Alamos. Une population qui, comme le souligne le Times, souffre encore des radiations aujourd’hui.
Oppenheimer : succès populaire et au box-office
Les goûts et les couleurs sont évidemment très subjectifs. La preuve, sur le site de critiques populaire Rotten Tomatoes, le film récolte la note de 91 % de la part des spectateurs. Les chiffres en revanche, sont indiscutables. Et s’il y a bien une chose qu’on ne peut pas nier, c’est que le film de Christopher Nolan est l’un des géants du box-office de 2023, avec Barbie et Mario Bros. Oppenheimer a cumulé en France par exemple 4,5 millions d’entrées, et réalisé dans le monde plus de 950 millions de dollars de recette.
Un carton au box-office doit-il forcément conduire à une pluie de récompenses ? Non, comme peuvent en témoigner Avatar, American Sniper ou tous les films Star Wars. Et de la même manière, faire l’un des meilleurs films de la décennie et l’emporter presque à chaque fois, est-ce la garantie de l’emporter toujours ? Non plus, comme l’a expérimenté la réalisatrice d’Anatomie d’une chute, Justine Triet, ce dimanche 10 mars.
Alors comment expliquer ces sept Oscars reçus le 10 mars à Los Angeles par Oppenheimer ? Pour le Hollywood Reporter, c’est une combinaison de plusieurs facteurs. Notamment une campagne savamment menée pour mettre en avant ses acteurs, et un timing qui « imposait » que Christopher Nolan soit (enfin) récompensé pour l’ensemble de son œuvre (Interstellar, Inception, The Dark Knight, Tenet, Dunkerque). Mais, ce n’est en principe qu’un seul film que les Oscars sont supposés récompenser, non ? Boum.
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