Oppenheimer, le physicien éclipsé par la bombe atomique

Avant de prendre la tête du projet Manhattan, Robert Oppenheimer était un chercheur et un enseignant réputé et respecté. Il contribua notamment à deux découvertes majeures - le positon et les trous noirs - sans toutefois en récolter les lauriers.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°926, daté avril 2024.

Celui qui fut l’un des scientifiques les plus célèbres de l’après-guerre est revenu sur le devant de la scène en 2023 à la faveur du monumental biopic que lui a consacré le réalisateur Christopher Nolan. Mais c’est encore comme "le père de la bombe atomique" que l’on présente J. Robert Oppenheimer, directeur scientifique du projet Manhattan, qui a supervisé la construction des premières armes de destruction massive de l’histoire.

Un chercheur et enseignant réputé et respecté

Ce raccourci commode égratigne déjà la réalité : Oppenheimer n’a pas "inventé" la bombe A, il n’a pas découvert le phénomène de fission nucléaire sur lequel elle est fondée, ni mis au point ses mécanismes de détonation. À partir de sa prise de fonction à la tête du "site Y" (nom de code de la ville-laboratoire de Los Alamos au Nouveau-Mexique (États-Unis), où le "Gadget", ainsi qu’avait été baptisée la bombe, fut élaboré dans le plus grand secret), il est devenu un administrateur efficace, le leader et le catalyseur de la plus extraordinaire concentration de cerveaux scientifiques jamais constituée.

Or, on oublie souvent qu’avant de devenir le "chef" de ces savants d’élite, Robert Oppenheimer était lui-même un physicien brillant, chercheur et enseignant réputé et respecté. Il avait notamment contribué à "importer" aux États-Unis la révolution de la mécanique quantique dont il avait partagé en Europe l’émergence et le triomphe. Pur théoricien , il avait suivi l’enseignement de Max Born à Göttingen (Allemagne), de Wolfgang Pauli à Zurich (Suisse), et côtoyé de jeunes collègues géniaux comme Paul Dirac ou Werner Heisenberg, ainsi que celui qui fut l’idole de toute sa vie : Niels Bohr.

Dès son retour aux États-Unis, deux des plus grandes universités californiennes, CalTech et Berkeley, se partagent l’enseignement d’"Oppie" (ainsi que l’appelaient ses amis et ses étudiants préférés). Adulé par les jeunes doct[...]

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