Open d’Australie: convoité par le biathlon, "le talent pour aller loin"… qui est Arthur Cazaux, qualifié surprise pour le 3e tour

L’air de Melbourne lui réussit toujours aussi bien. Quatre ans après avoir atteint la finale de l’Open d’Australie junior, Arthur Cazaux s’est qualifié ce jeudi pour le troisième tour du Grand Chelem australien grâce à sa victoire en quatre sets face au Danois Holger Rune, huitième joueur mondial. Une victoire référence, la deuxième seulement en Grand Chelem chez les professionnels, qui vient acter un retour dans la lumière après des années de galère.

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"Je n'ai pas vu beaucoup de tennis de sa part depuis un certain temps", confiait Holger Rune avant la rencontre entre les deux hommes. Aucune volonté chez le Danois de tacler les récentes performances du jeune Français (21 ans), qu’il a par ailleurs croisé à plusieurs reprises chez les jeunes. Simplement de la lucidité sur le début de carrière chahuté du Montpelliérain.

Freiné par les blessures

À une marche de remporter l’Open d’Australie junior 2020, vainqueur de Sebastian Korda, 65e mondial, lors des qualifications du Masters 1000 de Madrid en 2021, alors qu’il pointait lui au 603e rang à l’ATP, Cazaux a connu des débuts prometteurs. Mais une déchirure des abdominaux en 2021 puis une pubalgie qui l’éloigne des terrains pendant huit mois en 2022 freinent sa progression. "2023, c'est la première année complète que j'ai faite depuis que je suis tout petit”, résumait-il récemment auprès de l’AFP.

Jusque-là, Cazaux avait tenté sa chance à trois reprises en Grand Chelem (deux fois à Roland-Garros, une à l'US Open). En vain. Et sa seule victoire sur le circuit principal remontait à plus de deux ans et demi (mai 2021 contre Mannarino, à Genève).

"Si tu arrêtes le tennis, nous, on te prend au biathlon"

Retombé au 432e rang mondial en 2022, ce supporteur invétéré du club de football de Montpellier - il a d’ailleurs inscrit un petit "Allez Paillade" sur la caméra après sa victoire ce jeudi - aurait même pu se poser des questions sur la suite à donner à sa carrière. "Si tu arrêtes le tennis, nous, on te prend au biathlon, lui lance un jour le référent chargé des tests physiques sous l'égide de la Fédération française de tennis, venu des sports d'hiver. En termes d’endurances, nos meilleurs jeunes sont dans ces eaux-là."

Car si le physique l'a un temps empêché de lancer sa carrière, il est en même temps l’une de ses grandes forces. "Avec Arthur Fils, on a les meilleurs résultats (aux tests physiques), assurait-il à l'AFP. J'ai toujours eu des prédispositions physiques. Sur les tests de vitesse, endurance, je suis premier, je l'ai été aussi au Masters NextGen." Son service, peut-être sa principale arme, lui vient lui de la pratique assidue du handball dans sa jeunesse montpelliéraine. "Pendant sept ans, je ne faisais que des shoots et j'ai développé une épaule super laxe, c'est ce qui m'aide", détaille le principal intéressé.

Depuis le printemps 2023, Cazaux voyage désormais avec un kiné pour prendre soin de ces dispositions physiques hors norme. "Je pense que c'est grâce à ça que j'évite les blessures. Ça faisait longtemps que j'y pensais. Même si je ne suis pas top 100, que je ne gagne pas non plus des mille et des cent, je me suis dit: 'S'il y a un moment pour investir, c'est maintenant, ça va m'aider à passer des caps plus vite’."

2024, son année?

Et pour l’instant, le choix du Français s’avère payant. Désormais 108e mondial, soit une remontée de plus de 300 places en un an et demi, Cazaux n’a toujours pas perdu en 2024. Avant d’arriver à Melbourne, il a remporté le challenger de Nouméa, en écartant notamment Benoit Paire, Harold Mayot et Enzo Couacaud. De quoi laisser penser que 2024 sera son année? "Ça fait quelques temps qu’il a franchi un cap sur pas mal de choses. C’est fantastique, savoure Stéphane Huet, son coach depuis un an et demi, au micro de RMC Sport. Il a fait une super préparation à Dubaï. Même l’année dernière, on le sentait monter en intensité dans le jeu, dans tout. Il a passé un cap dans la tête au niveau des émotions, il est plus calme et il n’a peur de rien. Quand il arrive sur le terrain, il n’y a personne en face qui le dérange. Il sait qu’il a sa chance contre n’importe qui. (...) Il n'a pas de limites et en même temps, il a une énorme marge de progression."

"Il vit dans l'ombre d'Arthur Fils mais c'est un vrai talent, très offensif, qui ose aller vers l'avant, a appuyé Arnaud Di Pasquale sur Eurosport. Le top 100 ne sera qu'une étape, il a le talent pour aller plus loin." À commencer par les huitièmes de finale de l’Open d’Australie, à portée de raquette en cas de victoire face au Néerlandais Tallon Griekspoor (31e mondial) samedi au troisième tour.

Article original publié sur RMC Sport