Opération Wuambushu : cet élu de Mayotte cible une juge

Après le revers judiciaire de l’opération Wuambushu, Mansour Kamardine, député LR de Mayotte exige ce jeudi 27 avril le déport d’une juge.
Après le revers judiciaire de l’opération Wuambushu, Mansour Kamardine, député LR de Mayotte exige ce jeudi 27 avril le déport d’une juge.

JUSTICE - « À défaut d’être neutre, le juge doit se déporter ». Le député LR de Mayotte, Mansour Kamardine, favorable à l’opération dite « Wuambushu », a dénoncé « le manque de neutralité » de la décision de justice du tribunal judiciaire de Mamoudzou ayant conduit à la suspension de l’évacuation d’un bidonville à Mayotte, dans un communiqué diffusé à la presse ce jeudi 27 avril.

Pour garantir la neutralité des décisions de justice, « je demande que les juges membres du Syndicat de la magistrature se déportent des procédures et des jugements concernant l’opération Wuambushu à Mayotte », écrit encore le député dans ce texte, partagé sur son compte Twitter.

« Des magistrats partisans »

Le Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche, a condamné l’opération de « Wuambushu ». Dans un mail à ses adhérents, consulté par Europe 1, le syndicat écrit : « L’autorité judiciaire ne sera pas la caution de violations des droits humains ». Le SM assure aussi que cette opération aura « des conséquences dramatiques (...) pour ce territoire »,

Or, la juge qui a signé l’ordonnance suspendant l’opération de démolition du quartier « Talus 2 », a été vice-présidente du Syndicat de la magistrature dans les années 1990 . « On ne peut être juge et parti », tance Mansour Kamardine qui reproche à la présidente du tribunal judiciaire de Mayotte d’avoir « un parcours d’engagement fort au sein du Syndicat de la magistrature ».

Mansour Kamardine dénonce encore dans ce communiqué un « harcèlement judiciaire coordonné par des ’droitdelhommistes’ qui défendent systématiquement les immigrés clandestins au détriment des droits à la sécurité, à la propriété, à la liberté d’aller et de venir et à se réunir (...), main dans la main avec des magistrats partisans ».

« Une vraie atteinte à l’indépendance de la justice »

En réponse à ces accusations, le SM a réagi auprès du HuffPost : « Demander publiquement à des magistrats de se déporter, au nom d’une certaine conception de la neutralité est une vraie atteinte à l’indépendance de la justice », argue le syndicat qui évoque des « manœuvres de déstabilisation et de stigmatisation démagogique » émanant de politiques.

« Les accusations de politisation, de partialité et de dogmatisme des magistrats du tribunal judiciaire de Mamoudzou sont des accusations graves qui constituent des tentatives condamnables de déstabilisation et de remise en cause de la justice », renchérit le SM, estimant qu’elles servent à « détourner l’attention de l’opération Wuambushu ».

Les autorités françaises ont déployé depuis plusieurs jours d’importants moyens logistiques et humains pour déloger des migrants illégaux des bidonvilles de Mayotte dans le cadre d’une opération controversée baptisée « Wuambushu » (« reprise » en mahorais). Quelque 1 800 policiers et gendarmes sont mobilisés, dont des centaines de renforts venus de métropole.

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