Opération Wuambushu à Mayotte : Darmanin se targue du soutien de la population

Plus d’un millier de personnes ont envahi les rues de Mamoudzou, à Mayotte, ce samedi 29 avril.
Plus d’un millier de personnes ont envahi les rues de Mamoudzou, à Mayotte, ce samedi 29 avril.

MANIFESTATION - Des scènes de liesse en soutien à l’opération « Wuambushu » saluées par Gérald Darmanin. « Merci Mayotte ! », a écrit ce samedi 29 avril le ministre de l’Intérieur sur son compte Twitter, partageant une vidéo de Mahorais entonnant la Marseillaise lors d’une manifestation qui a réuni plus d’un millier de personnes ce samedi 29 avril à Mamoudzou.

« Nous continuons, bien sûr, notre soutien cette belle île ! Encore une dizaine d’interpellations cette nuit grâce à nos forces de l’ordre », s’est enorgueilli le ministre, qui a lancé une série d’opérations regroupées sous le nom de « Wuambushu » (« reprise », en mahorais) visant à déloger les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus des Comores voisines, des bidonvilles insalubres de Mayotte.

« Plan Marshall pour Mayotte »

Le rassemblement organisé ce samedi, le deuxième de la semaine, avait lieu à l’appel des collectifs de citoyens mahorais. De nombreux manifestants, pour l’essentiel des femmes, y portaient des T-shirts imprimés de slogans tels que « Plan Marshall pour Mayotte », « soutiens aux forces de l’ordre », « Azali [Assoumani, président des Comores] occupe-toi de ta population ».

« On doit partir en métropole pour vivre une vie normale, avoir notre droit de sortir en sécurité le soir. On nous a volé notre jeunesse et pourtant nous sommes l’avenir de Mayotte qui a énormément d’atouts », a déclaré l’une d’elles, Moulaika Antoy, 18 ans, étudiante en BTS tourisme.

Dans la foule, le militant du Collectif des citoyens de Mayotte – dont est issue la députée Estelle Youssouffa (Liot) – Chafion Abdou a soutenu la dénonciation des migrants illégaux. « Il faut arrêter avec la mentalité de “c’est mon frère je ne le dénonce pas” », a-t-il défendu. « Il y a un problème de responsabilité à Mayotte avec des citoyens qui doivent arrêter de fournir des justificatifs de domicile à ces gens et aider nos maires à en faire le recensement. »

Une opération « brutale » et « anti-pauvres »

« La mobilisation citoyenne est importante, elle appuie l’action des élus qui ont appelé cette opération pour réclamer notre sécurité et notre liberté », a déclaré à l’AFP Ambdilwahedou Soumaila, le maire du chef-lieu de l’archipel, en marge de cette manifestation d’ampleur dans la capitale.

« Mamoudzou compte le plus grand bidonville de France (Kawéni, ndlr) et nous ne sommes pas fiers de ce palmarès. Un bidonville, c’est d’abord l’insécurité sanitaire et écologique, c’est l’indignité de la nation », a-t-il ajouté.

Sur les 350 000 habitants estimés de Mayotte, la moitié ne possède pas la nationalité française. L’opération vise aussi à lutter contre la délinquance qui sévit dans l’archipel, largement attribuée à la situation sociale et économique explosive de ses bidonvilles.

« Wuambushu » est dénoncée comme « brutale », « anti-pauvres » et violant les droits des migrants par nombre d’associations, mais soutenue par les élus et de nombreux habitants de l’île.

L’opération se déroule aussi dans une certaine confusion : la justice a suspendu la démolition d’un bidonville et les expulsions sont entravées par la suspension « jusqu’à nouvel ordre » des traversées de la compagnie SGTM entre Mayotte et l’île comorienne d’Anjouan, malgré la réouverture des ports des Comores.

À voir également sur Le HuffPost :

Opération Wuambushu : les Comores rouvrent leurs ports à la France à cette condition

Opération Wuambushu : qu’est-ce que la CRS-8, envoyée à Mayotte ?