OM: Jacques-Henri Eyraud raconte au tribunal l'enfer que lui ont fait vivre des supporters marseillais

L'histoire n'est pas encore terminée. Le procès de onze supporters de l'OM poursuivis pour cyberharcèlement aggravé et menaces de mort contre l'ancien président du club marseillais, Jacques-Henri Eyraud, s'est ouvert ce lundi devant le tribunal judiciaire de Paris.

"On aura ta peau", "Qu'on le pende ce fils de chien", "Ça va mal finir pour toi"... Ce sont quelques-uns des messages visant M. Eyraud, 56 ans, postés sur Twitter (devenu X) entre fin 2020 et début 2021 par les onze prévenus, âgés de 25 à 52 ans.

"Tout a été fait pour que je quitte mes fonctions et que je craque"

"Ce sont des propos graves. Ne les banalisons pas", a dit à la barre Olivier Baratelli, avocat de l'ancien président de l'Olympique de Marseille, présent à l'audience contrairement à plusieurs prévenus.

Outre les messages menaçants, des caricatures montrant M. Eyraud décapité ou le corps sous une guillotine avaient également été postées sur Twitter. "Tout a été fait pour que je quitte mes fonctions et que je craque", a raconté avec émotion M. Eyraud, en strict costume noir, face au tribunal.

"Le niveau de menaces était complètement fou"

L'ancien président de l'OM, accompagné au tribunal par sa fille adolescente, a raconté le traumatisme qu'il a vécu, lui et sa famille, à cause des menaces de morts reçues au début de l'année 2021. "Le niveau de menaces était complètement fou", rappelle-t-il.

"Avez-vous des regrets d'avoir dirigé l'OM?", l'interroge le président de la 10e chambre correctionnelle. La réponse fuse sans l'ombre d'une hésitation: "la réponse est non". "J'ai aimé ce club, j'ai aimé cette ville" de Marseille, dit le natif de Paris. Dans les messages de haine, son origine parisienne a été plusieurs fois rappelé.

Au total, une centaine de personnes avaient posté des messages haineux mais seules onze d'entre elles qui se cachaient derrière un pseudonyme ont pu être identifiées. Parmi les prévenus, Michaël A., 41 ans explique avoir posté plusieurs messages de haine car il était "en colère". "Je ne souhaite pas la mort de ce monsieur. Je me sens honteux", dit-il. L'air très ému, il demande la permission de se tourner vers M. Eyraud pour lui présenter ses excuses. "Les mots ont dépassé ma pensée. C'étaient des propos idiots qui n'avaient pas lieu d'être", dit-il d'un air contrit.

Le tweet pour lequel Michaël A. est poursuivi affirmait: "Mort au(x) traitres" Jacques-Henri Eyraud et Hugues Ouvrard, directeur général de l'OM à l'époque. Dans d'autres tweets, qui n'ont pas été retenus par le tribunal, Michaël A. écrivait "pour vos cercueils, de la cagette suffira" ou encore: "je souhaite carrément leur mort, qu'ils quittent ce monde".

Les faits poursuivis s'étaient déroulés en marge de graves incidents survenus le 30 janvier 2021, quand plusieurs centaines de supporters de l'OM, mécontents de la gestion du club, s'en étaient pris violemment à la Commanderie, son centre d'entraînement.

Douze jeunes gens ont été condamnés en février 2021 à des peines d'emprisonnement dans le cadre de cette affaire par le tribunal correctionnel de Marseille. Quatre autres, considérés comme des meneurs de groupes de supporters impliqués dans les incidents, ont également été condamnés à Marseille en mars 2021. Quelques semaines après les incidents à la Commanderie, M. Eyraud, à la tête du club phocéen depuis octobre 2016, avait été remplacé par Pablo Longoria. Le procès doit durer jusqu'à mardi.

Article original publié sur RMC Sport