Olivier Véran lance son « TripAdvisor de la démocratie » au lendemain d’un 49.3

Le porte-parole du gouvernement lance « Agora », une application visant à créer du lien entre le gouvernement et les citoyens.

POLITIQUE - La Macronie renoue avec la « start-up nation ». Ce jeudi 28 septembre, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, également en charge du « renouveau démocratique », a annoncé le lancement d’une application baptisée « Agora ». Un outil numérique censé permettre à l’exécutif de mieux prendre en compte les préoccupations des citoyens.

Auprès du Parisien, le ministre décrit cette plateforme comme « un TripAdvisor de la démocratie » sur laquelle il sera possible de consulter directement les utilisateurs, lesquels pourront également interroger le gouvernement. « Aidez-nous à construire les grandes décisions pour notre pays, interrogez-nous directement, votez pour les questions auxquelles les ministres répondront », a publié sur X (ex-Twitter) le porte-parole du gouvernement, invitant les Français à télécharger l’application.

Sitôt dévoilée, cette initiative promouvant la démocratie n’a pas manqué de provoquer les railleries de l’opposition. Et pour cause, celle-ci intervient au lendemain du déclenchement du 12e article 49.3 par Élisabeth Borne, à l’occasion de l’examen du Budget 2024. Soit l’outil constitutionnel régulièrement accusé de miner la démocratie parlementaire. Sans surprise, plusieurs élus se sont engouffrés dans la brèche offerte par ce timing étonnant.

« Un 49-3 le soir, une appli pour contourner le Parlement le matin. Vous dites si on vous dérange, hein ! », a ironisé sur X la députée écologiste Marie Pochon. « Bonjour. Si vous cherchez l’adresse de l’Assemblée, c’est au 126 rue de l’université (entrée du public), Paris. Là, vous trouverez 577 personnes, non pas à consulter dans une tambouille secrète sur Internet, mais à faire voter », a renchéri l’insoumis Hadrien Clouet, en répondant directement au ministre. Des critiques que l’on retrouve également chez ses collègues insoumis François Ruffin, Manuel Bompard ou encore Rodrigo Arenas, qui a qualifié sur le même réseau social Olivier Véran de « fasciste populiste ».

Des précédents contrastés

Porte-parole du groupe Rassemblement national au Palais Bourbon, Thomas Ménagé a également moqué cette initiative. « Le Gouvernement des numéros verts passe maintenant aux applications. Sinon, il y a un truc qui marchait et était plutôt bien respecté avant 2005 : le référendum ! C’est même prévu par la Constitution. Pensez-y, Monsieur le Ministre », a-t-il réagi.

Heureusement pour Olivier Véran, plusieurs députés Renaissance se sont réjouis de cette annonce. C’est notamment le cas de Guillaume Gouffier, qui a salué une « excellente initiative » visant à « moderniser notre démocratie ». Spécialiste des questions numériques, son collègue des Côtes-d’Armor Éric Bothorel a lui aussi applaudi le lancement de cette plateforme.

À noter que les applications gouvernementales ont souvent eu des résultats contrastés. En pleine vague d’attentats sous François Hollande, le gouvernement avait lancé en 2016 l’application SAIP visant à alerter la population française en cas d’attentat en cours. Un rapport sénatorial avait étrillé ce dispositif à l’été 2017, et l’idée avait été abandonnée quelques mois plus tard. En pleine pandémie, le gouvernement avait dû revoir sa copie avec son application « Stop Covid » (affichant moins de 3 millions de téléchargements) avant de trouver la bonne formule avec Tous Anti Covid et l’instauration du passe sanitaire et le suivi des cas contacts.

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