"Olivier, envoie-lui ton 06!": ces petites phrases que vous n'avez pas entendues pendant le discours de Borne

"Olivier, envoie-lui ton 06!": ces petites phrases que vous n'avez pas entendues pendant le discours de Borne

Pendant plus d'une heure, devant les députés, la Première ministre a assuré vouloir répondre "à l'exigence de responsabilité". Répétés à de nombreuses reprises, le mot-clé "compromis" a dû exprimer toute l'ambition du gouvernement à vouloir "bâtir ensemble", malgré sa majorité relative.

Mais cet exercice était aussi une forme de bizutage pour la cheffe du gouvernement. À plusieurs reprises et avant de lui répondre dans la foulée, les oppositions se sont fendues de multiples petites phrases et commentaires, comme le restitue -prise de parole par prise de parole- le compte-rendu très complet de la séance sur le site de l'Assemblée nationale. Des mots qu'on n'entend pas toujours quand on regarde la séance en vidéo, mais qui résonne dans la salle de l'hémicycle du Palais-Bourbon.

La France insoumise et Les Républicains ont particulièrement mené la danse. Tandis que le Rassemblement national est resté silencieux, tout attaché à sa mission de représenter une opposition "respectable et constructive" qu'il s'enjoint à être.

"Envoie-lui ton O6!"

Très en forme, les députés sont entrés dans le jeu amusé d'Élisabeth Borne de nommer systématiquement les chefs de parti qu'elle avait rencontrés la semaine précédente: "Monsieur Marleix (...) Monsieur Bayou (...) Monsieur Chassaigne", a-t-elle précisé à plusieurs reprises. Selon les sujets abordés dans son allocution, la Première ministre a ainsi ciblé ses interlocuteurs en dévoilant certains pans de leur discussion.

"L’équilibre de nos finances publiques est une question de souveraineté. Je sais que beaucoup y sont attachés sur ces bancs – j’en ai parlé notamment avec le président Marleix", a déclaré Élisabeth Borne peu de temps après son introduction.

De quoi pousser certains élus à se gausser de leur collègue LR:

"Olivier, envoie-lui ton 06!", s'est moqué le député communiste de Seine-Maritime Jean-Paul Lecoq, sous les rires de ses voisins.

Garrido joue du pipeau

Les Insoumis et leurs alliés de la Nupes ont probablement été de ceux les plus en forme. Tel un virage de supporters, ils ont commenté, crié et provoqué des mouvements à de nombreuses reprises pour bousculer le discours de la locataire de Matignon.

"Condamné deux fois pour inaction climatique!", s'est écriée la présidente du groupe mélenchoniste, Mathilde Panot, au moment du bilan écologique du précédent mandat. "C'est ça oui!" a ironisé son collègue de la Gauche républicaine et démocrate, Stéphane Peu lorsqu'Élisabeth Borne assure que son gouvernement "ne sera jamais celui des clivages factices et des idées toutes faites".

"Mettez au vote!", a pressé Alexis Corbière à plusieurs reprises, "Engagez votre responsabilité!", s'est exclamé le socialiste Jérôme Guedj. "On vote! On vote", ont également scandé la Nupes obligeant la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun Pivet, d'intervenir pour exiger un retour au calme.

"C'est une blague?", s'est écriée la députée de l'Essonne, Farida Amrani, après la promesse de la Première ministre de faire de la France "la première nation à sortir des énergies fossiles".

Mais la gauche ne s'est pas cantonnée aux huées et aux invectives. Certains ont même réalisé des mimes, à l'instar de Raquel Garrido. La députée Insoumise de Seine-Saint-Denis a ainsi reproduit les gestes d'un joueur de pipeau lorsque la ministre a assuré de consulter davantage les corps intermédiaires .

Les Républicains, pas en reste

Le parti d'Olivier Marleix a lui aussi pris sa part dans le chahut général. Dès le sujet des territoires abordé, les costumes ont frémi à droite de l'hémicycle. "Les élus locaux (...) sont le ciment de notre République", a déclaré Élisabeth Borne. "Il serait temps de le reconnaître!", a réagi le vice-président de la commission des Affaires étrangères, Michel Herbillon. "Vous avez humilié les ruraux !", a ajouté Jean-Yves Bony.

"C'est la fin de l'argent magique!" s'est-il également exclamé avec malice au moment où a été abordé la nécessaire réduction du déficit budgétaire. "Avalez votre chapeau!", s'est agacé Fabien Di Filippo au moment de l'annonce de la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapée, tandis qu'Emmanuel Macron s'est longtemps opposé à cette mesure.

Quand l'expression "Conseil national de la refondation" -organisation voulue par le chef de l'État composée d'élus des territoires, d'associations et de citoyens tirés au sort pour plancher sur les gros dossiers à venir comme la santé, l'école et le pouvoir d'achat- a été prononcée, Marc Le Fur a cinglé: "Le machin, là!"

"C'est grâce à ce bilan que tu as perdu cent députés", a enfin lancé, goguenard, le député des Ardennes Pierre Cordier au moment de clore le bilan de l'action de la majorité présidentielle.

L'élue du Calvados a dû s'interrompre à plusieurs reprises pour son baptême de feu d'environ une heure trente dans l'hémicycle. Un classique pour la chambre basse, habituée à ce genre de réception pour les nouveaux gouvernements où les nouveaux ministres.

Mais au milieu des remarques et autres apostrophes, elle a également eu l'étonnement de réussir à faire se lever l'ensemble des rangs du Palais Bourbon. C'était lors de son hommage aux forces armées françaises et aux soldats blessés ou morts en opérations et à leurs familles. Record de l'applaudimètre d'un bout à l'autre de l'Assemblée.

Article original publié sur BFMTV.com