OL: style de jeu affirmé, tempérament, vécu à Naples et Milan... que vaut Gattuso l'entraîneur ?
L’affaire n’est pas encore bouclée mais Lyon pourrait accueillir un très prestigieux CV du football mondial sur son banc en remplacement de Laurent Blanc. Gennaro Gattuso (45 ans) est pressenti pour devenir le nouvel entraîneur de Lyon. Un nom prestigieux avec 14 titres, dont une Coupe du monde avec l’Italie (2006) et deux Ligues des champions avec l’AC Milan (2003, 2007)… quand il était joueur. Son palmarès d’entraîneur est lui bien moins fleuri (une coupe d’Italie avec Naples en 2020) plus de dix ans après sa reconversion sur le banc.
Sion, Palerme, Crête... des premières expériences ubuesques
Son passé de milieu de terrain caractériel, besogneux et dévoué suscite toujours de grandes attentes qui n’ont pas trop emprunté le prolongement de ses prestations sur le terrain. Il faut que dire que Gattuso, pas le dernier à aller au combat, s’est lancé dans le métier sur deux des bancs les plus mouvants d’Europe d’abord comme entraîneur-joueur pendant moins de deux mois (en 2013) au FC Sion du fantasque président Christian Constantin. Puis à Palerme, de Maurizio Zamparini, autre président consommateurs d’entraîneurs, où l’aventure a duré huit petits matchs.
Il a alimenté son goût de l’aventure et sa légende en s’engageant ensuite pour l’obscur OFI Crête en 2014. Il y aura dirigé seulement 17 matchs, suffisamment pour entrer dans le cœur des supporters par ses prises de parole explosives.
"Je veux que mes joueurs aient des couilles… et du cœur, avait-il lancé. Moi je bosse 12 heures par jour, mais j’entends de la merde tous les jours."
Lassé par l’instabilité du club, il avait démissionné quelques semaines plus tard… avant de se rétracter devant une manifestation de supporters devant chez lui pour lui demander de rester. Il avait finalement quitté son poste pour enfin exercer en Italie.
Le "Chien Fou" y a obtenu ses premiers résultats en promouvant Pise de Serie C à la Serie B (2016). Il démissionnera dans la foulée… avant de revenir sur le banc un mois plus tard sans parvenir à éviter la relégation. Partout où il passe, Gattuso transmet sa grinta tout en luttant pour se défaire de cette étiquette de "charognard" héritée de son passé de joueur.
"Une première étape pour redonner de l'élan"
"Il a eu des discours très contradictoires, explique Johann Crochet, spécialiste du football italien pour RMC Sport. D’un côté, il te disait qu’il s’inspirait de Marcelo Lippi mais de l’autre qu’il mettrait les joueurs qui lui ressemblaient sur le banc parce qu’il avait besoin d’un football moderne et de joueurs qui pensent et réfléchissent au milieu de terrain."
Un discours tenu pour son grand retour à Milan, son club de toujours, mais sur le banc cette fois. Nommé en novembre 2017, il redresse l’équipe la première saison et échoue d’un rien à la qualifier en Ligue des champions en 2019 avant de quitter le club. De quoi affirmer sa réputation. Quelques mois plus tard, Aurelio De Laurentiis fait appel au pompier Gattuso après la mutinerie des joueurs contre le président et Carlo Ancelotti pour protester contre un départ en mise au vert. Le charisme de "Rino" permet alors de canaliser le groupe et de rétablir des bases. Il s’appuie sur un 4-3-3 ou un 4-2-3-1 jusqu’en 2021 avant d’être poussé vers la sortie, après avoir remis sur pied l"équipe, deux ans avant son sacre historique en Serie A.
"Tactiquement, il fera des choses (à Lyon), estime Johan Crochet. Il ne faudra pas s’attendre à une grande révolution, ça peut être une première étape pour redonner de l’élan à ce club. Un peu comme à Naples, il est arrivé à reposer les bases et derrière ils ont mis Spalletti pour développer le côté tactique, du jeu et du spectacle. C’est peut-être que ce qu’attendent les dirigeants lyonnais."
Sa dernière expérience remonte à janvier 2023, moment choix pour laquer la porte de Valence, six mois après son arrivée, lassé par le manque de moyens du club. Il s'est bien engagé à la Fiorentina entre temps... avant de claquer la porte sans avoir dirigé le moindre match. Cela peut mettre une certaine pression aux dirigeants lyonnais, dont le recrutement est encadré par la DNCG. Ceux-ci parient sur un grand nom pour relancer la machine. "Des joueurs vont peut-être devoir se mouiller la nuque quand ils vont voir arriver Gattuso qui martèle qu’il est le pire ennemi de ses joueurs quand le match débute."