Ocean Viking à Toulon : Non, les occupants ne seront pas logés en village vacances Belambra

Prise de vue du navire Ocean Viking dans la rade de Toulon ce vendredi 11 novembre.
Prise de vue du navire Ocean Viking dans la rade de Toulon ce vendredi 11 novembre.

POLITIQUE - « Les SDF français eux, n’ont pas droit à un tel traitement, ils resteront à la rue ». Ainsi s’est indigné l’eurodéputé du Rassemblement national (RN) Thierry Mariani, en publiant sur Twitter ce vendredi 11 novembre une vidéo promotionnelle de la société Belambra, au sujet de son site sur la presqu’île de Giens. C’est dans cette zone que vont stationner les passagers du navire humanitaire Ocean Viking, débarqué à Toulon dans la matinée.

« Donc voilà où seront accueillis les migrants de l’Ocean Viking », a-t-il affirmé. Même indignation du côté de l’élu Reconquête ! de Nice Philippe Vardon, qui s’est exprimé en majuscule pour bien qu’on comprenne sa colère, chez Éric Ciotti, député Les Républicains des Alpes-Maritimes et candidat à la présidence du parti, ou encore chez Lionel Trivoli, député RN du même département.

En réalité, il n’en est rien. Tout est parti d’une information tronquée qui a circulé dans la presse dans la matinée, et non d’une annonce officielle. À titre d’exemple, on pouvait lire ceci sur le site de BFMTV.

« Selon les informations de BFM Toulon auprès d’une source policière confirmée par une source politique, les réfugiés seront escortés jusqu’à la presqu’île de Giens dans le village vacances Belambra », affirmaient nos confrères, précisant qu’il s’agissait du lieu « qui a été choisi comme zone d’attente ». Une information qui a également été publiée par France Bleu Provence.

Dans la matinée, l’AFP écrivait ceci : « Les personnes débarquées de l’Ocean Viking seront transférées vers un centre de vacances sur la presqu’île de Giens à Hyères, une commune à une vingtaine de kilomètres à l’est de Toulon, déclaré ’zone d’attente internationale’ pour une vingtaine de jours ». Plusieurs médias clients de l’agence de presse, dont Le HuffPost, ont donc pu faire référence à ce centre de vacances (sans automatiquement mentionner Belambra) dans leurs articles, avant un correctif.

L’option villages vacances jamais envisagée

Ce qui a immédiatement été repéré par le site identitaire Fdesouche, qui agrège des contenus sur les thématiques chères à l’extrême droite. C’est notamment sur la base de cette reprise que Samuel Lafont, lieutenant numérique d’Éric Zemmour, a interpellé le chef de l’État sur le sujet (alors que ce dernier était en train d’honorer la mémoire des soldats français morts durant la première guerre mondiale).

Or, en fin de matinée, la société de tourisme faisait savoir au HuffPost que son village vacances n’allait nullement accueillir les passagers de l’Ocean Viking. Ce qui nous a été confirmé dans la foulée par le ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer.

« Il y a une mauvaise compréhension du sujet. L’accueil se fera bien dans un Centre communal d’action sociale (CCAS) et en aucun cas un centre de vacances », indique-t-on Place Beauvau. Selon une source proche du dossier interrogée par Le HuffPost, l’option villages vacances n’a même jamais été envisagée dans les réunions préparatoires, le CCAS représentant en tout point le « site adapté » pour ce type d’accueil.

Mais alors, d’où vient cette confusion ? « Le site touristique se trouve physiquement à quelques mètres du CCAS », glisse au HuffPost une source impliquée, qui ne voit d’autre explication à la circulation de cette hypothèse du village vacances.

Pour ce qui est des conditions d’accueil, « les personnes prises en charge ont l’obligation de rester sur place et ne sont pas autorisées à sortir », indique le ministère de l’Intérieur, précisant qu’elles pourront être maintenues sur site jusqu’à 20 jours, voire 26 sous conditions.

« Notre objectif dans tous les cas est d’engager l’ensemble des procédures qui permettront de relocaliser ces gens au plus vite. Des prises en charge sanitaires et sécuritaires sont prévues. L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) a prévu de mobiliser dès ce week-end 16 agents pouvant réaliser 90 entretiens par jour, soit dès que ces personnes seront en capacité d’être entendues », précisent encore les services de Gérald Darmanin.

Ce qui est assez éloigné des vacances sur la côte que s’imagine l’extrême droite.

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