Obsolescence programmée des voitures : l’association HOP réclame l’instauration d’un « indice de réparabilité »

Ce que pointe cette association qui dénonce l’obsolescence programmée des voitures. Photo d’illustration.
CHARLY TRIBALLEAU / AFP Ce que pointe cette association qui dénonce l’obsolescence programmée des voitures. Photo d’illustration.

AUTOMOBILE - « Des voitures moins chères mais moins réparables ». Réglementations durcies, montée en puissance du numérique, pièces indisponibles et véhicules plus difficiles à réparer, l’association Halte à l’Obsolescence programmée (HOP), dénonce la dérive du monde automobile qui tourne progressivement vers un modèle de « voitures jetables », dans un rapport publié ce mercredi 17 avril.

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Vers une route de la « fast fashion » des voitures ? Si pendant longtemps, le secteur automobile possédait un modèle « d’économie circulaire et de durabilité », avec des voitures dont la durée de vie était en moyenne estimée à 19 ans, l’obsolescence programmée des automobiles semble de plus en plus polluante et coûteuse, précise le rapport de la HOP, qui invite les pouvoirs publics à prendre des mesures pour instaurer un « indice de réparabilité » des véhicules.

La première cause d’obsolescence des voitures provient, paradoxalement, d’une volonté de les rendre moins polluantes, précise le rapport. Certaines villes, comme Paris, ont interdit l’entrée des voitures les plus anciennes, poussant « de nombreux automobilistes à se séparer d’anciens véhicules thermiques encore fonctionnels (mais polluants) », ce qui « représente un risque d’exclusion de certaines populations », remarque l’association.

Des batteries difficilement réparables

Si le modèle économique actuel de l’achat et de l’entretien des automobiles est bien « huilé », gage d’une « longue vie en bonne santé », l’irruption des voitures électriques risque de le mettre à mal, met en garde l’association, qui s’interroge notamment sur la fiabilité à long terme des batteries et à leur réparabilité.

« La moitié des constructeurs seulement proposent des batteries réparables, une information qui passe sous les radars des consommateurs. Aujourd’hui, si une batterie dysfonctionne ou est endommagée par un accident, rien n’assure l’automobiliste de la disponibilité de la batterie, ni de pouvoir la réparer ou la remplacer par une neuve ou reconditionnée. Il pourrait donc être contraint de remplacer la voiture entière ! », indique HOP.

L’association dénonce aussi la production de nouveaux modèles en usine au moyen de très grandes pièces moulées au lieu d’un assemblage de dizaines de tôles. Source d’économies et de légèreté pour les constructeurs, ces éléments peuvent se transformer en cauchemar d’assureur et d’assuré. « Au moindre choc, il faudra remplacer une partie si importante de la voiture qu’il sera probablement plus rentable de la mettre à la casse en cas de choc », craint l’association.

Des véhicules connectés qui cachent d’autres coûts

L’association, qui a obtenu fin 2022, l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris contre Apple pour avoir rendu difficile la réparation de ses smartphones avec des pièces génériques, fait valoir que le même problème se pose dans les véhicules actuels dotés de puces électroniques refusant des « greffes » de pièces non montées en usine. HOP évoque aussi le risque d’obsolescence logicielle de véhicules très fortement numérisés.

Effectivement, si ces véhicules au prix de vente parfois alléchants attirent beaucoup de nouveaux usagers, ces voitures connectées cachent en réalité d’autres coûts importants pour les clients, comme celui de l’assurance, de la maintenance et bugs logiciels, de la réparation inabordable ou d’autres problèmes techniques, liés à l’absence de SAV, de véhicule irréparable ou encore de batterie introuvable.

« L’automobile devient un équipement électrique et électronique comme un autre » critique l’association, qui - outre « un indice de réparabilité » - aimerait aussi instaurer des « normes de durabilité et réparabilité des batteries en Europe », ainsi que la levée des obstacles à l’usage de pièces de réemploi.

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