"On est obligés de bricoler": l'inquiétude des pédiatres européens sur la pénurie de médicaments

"On est obligés de bricoler": l'inquiétude des pédiatres européens sur la pénurie de médicaments

Depuis plusieurs mois, les pénuries de médicaments pour enfants se multiplient en France. "On prie pour qu'il ne tombent pas malades", lâche sur BFMTV Alhem, venue se fournir dans une pharmacie de Nice pour ses deux enfants grippés.

Rahima Nucera, la pharmacienne, est désemparée face à ses clients: "On a près de 80% de notre liste de médicaments qui ne sont pas disponible. Par exemple, on va nous prescrire 1 gramme, on va faire 500 et 500 milligrammes, ou tout simplement changer de molécule".

Cette situation de pénurie ne frappe pas seulement la France: toute l'Europe en souffre au point que les professionnels se mobilisent pour tenter d'enrayer le manque de médicaments.

"La santé des enfants est durablement menacée"

Cette situation est en effet connue depuis longtemps par les pédiatres, dont certains représentants européens ont signé une lettre ouverte adressée à plusieurs ministères de la Santé à travers cinq pays européens, dont François Braun en France, à qui ils demandent de "tout mettre en œuvre afin de garantir aux enfants et aux adolescents de grandir et de se développer en bonne santé".

Ils y expliquent notamment que "les problèmes d’approvisionnement de ces derniers mois nous empêchent de prescrire les traitements appropriés et conformes aux recommandations. La santé des enfants et des adolescents est durablement menacée". Des pédiatres français, allemands, italiens, autrichiens et suisses ont signé cette lettre.

"On est obligés de bricoler: par exemple pour des sirops adaptés à l'enfant, on est obligés d'avoir recours à des dilutions", détaille Andreas Werner, président de l'Association française de pédiatrie ambulatoire et signataire de la lettre.

Les médicaments en tension sont les antibiotiques, les antipyrétiques (médicaments contre la fièvre notamment), les analgésiques, les traitements de l'asthme et les vaccins pédiatriques. Les pédiatres jugent dans leur lettre qu'une "telle pénurie de médicaments n’aurait pas été imaginable, il y a quelques années encore dans nos pays".

Plans aux niveaux français et européens

Face à la pénurie, un système D s'organise en attendant des mesures plus stratégiques à moyen terme. La faible abondance de ces médicaments est notamment liée aux "mesures de restriction et la réglementation des prix des médicaments imposées par les autorités sanitaires".

Début février, François Braun a annoncé un plan visant à prévenir toute future crise. Le gouvernement a notamment qu'il allait autoriser la hausse des prix sur certains médicaments pour inciter les fabricants à les produire en plus grandes quantités.

La Commission européenne a annoncé mercredi qu'elle compte imposer aux entreprises pharmaceutiques d'établir un plan de prévention contre les pénuries ainsi qu'une liste des médicaments essentiels qui pourrait servir de base avant une possible obligation de constituer des stocks.

"On a demandé plusieurs fois à l'Europe qu'il y ait de stocks établis. Cependant, on n'est pas certains que les formes qui sont destinées aux enfants vont être prises en compte ces stocks", s'interroge Catherine Vergely, secrétaire générale de l'Union des associations de parents d'enfants atteints de cancer ou leucémie.

D'autres professionnels de santé préconisent aussi la relocalisation de la production de médicaments en Europe ou en France.

Article original publié sur BFMTV.com