Obésité infantile : dans une tribune, scientifiques et associations appellent à la fin du "marketing de la malbouffe"

Dans une tribune portée par l'organisation FoodWatch, les signataires appellent le gouvernement et les parlementaires à agir vite contre ces publicités devenues un enjeu de santé publique.

Une urgence de santé publique. Dans une tribune publiée le 28 octobre sur le site du Monde sous la houlette de l'organisation de défense des consommateurs Foodwatch, une cinquantaine de scientifiques et responsables associatifs réclament la fin, ou du moins l'encadrement strict, du "marketing de la malbouffe qui cible les enfants."

Ce document débute par un constat. En 2023, selon des chiffres issus du Programme National Nutrition Santé du ministère des Solidarités et de la Santé, 17% des enfants et adolescents français sont en surpoids ou en situation d'obésité. Pour 50 à 70 % d'entre eux, ils le seront encore à l'âge adulte.

Pour les signataires, le responsable de cet état de fait est tout trouvé: le matraquage publicitaire des industriels de la malbouffe sur les plus jeunes, dont la moitié des spots poussent à acheter des produits alimentaires au Nutriscore D ou E, soit les plus néfastes pour la santé. Également pointée, la multiplication des supports de diffusion de ces publicités.

"Aujourd'hui on a une multiplication des supports, notamment avec le digital, les réseaux sociaux d'industriels qui fabriquent des produits de mauvaise qualité nutritionnelle, font des concours, font appel aux influenceurs, et on sait l'impact qu'ils ont sur ces enfants", dit à BFMTV Didier Courbet, signataire de la tribune et professeur des universités et chercheur à l’IMSIC (Aix-Marseille).

"Les parents ne peuvent pas contrôler"

Dans cette même tribune, les signataires appellent donc "les gouvernements à légiférer pour limiter l’exposition des plus jeunes au marketing et à la publicité alimentaires."

Invitée ce mardi matin sur BFMTV, Karine Jacquemart, directrice générale de FoodWatch France, est extrêmement remontée contre la situation actuelle. "À quel moment on accepte l'inacceptable", questionne-t-elle en guise d'introduction.

"On ne demande pas la lune, pas l'interdiction de toutes les publicités, mais de protéger les enfants du marketing et des publicités pour des produits trop sucrés, trop gras et trop salés selon un tableau de l'OMS", dit-elle, pointant certains pays tels que le Chili ou la Norvège où des restrictions ont été mises en place.

Autre bon élève pointé comme exemple, le Royaume-Uni, où les publicités pour les produits de ce genre ne sont plus diffusées qu'entre 21 heures et 5h30 du matin afin de limiter leur influence sur un public plus jeune.

"Il faut arrêter de mettre la responsabilité sur les consommateurs et consommatrices. Ils en ont une, comme tout le monde dans la chaîne, mais ce dont on parle, c'est la responsabilité de l'offre, ce que les gens achètent c’est ce qu'ils trouvent dans les rayons. Sur la publicité, les parents ne peuvent pas contrôler. Les gamins sont en permanence exposés, surexposés, matraqués", ajoute Karine Jacquemart.

Après avoir rappelé que l’impact sociétal de la surcharge pondérale était estimé par le Trésor Public à 20 milliards d'euros annuels en 2021, un chiffre qui a probablement augmenté depuis, les signataires appellent finalement le gouvernement et les parlementaires à "se ressaisir" et "interdire le marketing et la publicité de la malbouffe qui ciblent les enfants."

Article original publié sur BFMTV.com

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