Nouvelle polémique pour la ministre Agnès Firmin-Le Bodo

Agnès Firmin-Le Bodo s'est rendu à l’Institut Jérôme Lejeune, en pointe sur la recherche sur la Trisomie 21 mais dont le fondateur a pris position contre l'IVG.

Agnès Firmin Le Bodo, ministre de la Santé et de la Prévention, au coeur d'une nouvelle polémique  (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
Agnès Firmin Le Bodo, ministre de la Santé et de la Prévention, au coeur d'une nouvelle polémique (Photo by Bertrand GUAY / AFP)

La nouvelle ministre de la Santé avait dû rêver meilleur début pour ses premiers jours comme ministre de la Santé, après la démission d'Aurélien Rousseau. Visée par une enquête concernant des cadeaux reçus de la part du laboratoire Urgo d'une valeur de 20 000 euros lorsqu'elle était pharmacienne, donnée partante en cas de remaniement à peine plus de deux semaines après son arrivée, la voilà pointée du doigt pour l'un de ses premiers déplacements officiels.

En cause, sa visite de l'Institut Jérôme Lejeune jeudi 4 janvier, "lieu de passion et d’énergie, où l’innovation et le développement des connaissances autour des déficiences intellectuelles sont pratiqués à un niveau d’excellence remarquable", salue-t-elle. Une visite dénoncée par plusieurs responsables politiques dont la sénatrice et ancienne ministre de la Famille Laurence Rossignol, ou des députés de la Nupes.

"Une dérive du pouvoir pour flatter les entreprises réactionnaires"

"Que fait donc la ministre auprès de catholiques intégristes opposés au droit de disposer de son corps ?", s'interroge le député LFI Hadrien Clouet tandis que pour le maire de Montpellier Michaël Delafosse, "il y a, avec cette visite ministérielle, une dérive du pouvoir pour flatter les entreprises réactionnaires. Défendre le droit à l’IVG, qui assure à chaque femme le droit de disposer librement de son corps, est un enjeu pour tout responsable politique".

La ministre se défend, évoquant un échange "avec les personnes qui ne partagent pas vos idées"

La Fondation Jérôme Lejeune est en pointe sur la recherche sur la Trisomie 21. Mais surtout, elle est fréquemment pointée du doigt pour ses positions anti-IVG et contre l'euthanasie. Le patron de la fondation, Jean-Marie Le Méné publiait en décembre dernier une tribune dans le JDD dans lequel il dénonçait une "idéologie qui n’a que la mort à offrir en partage", en évoquant la constitutionnalisation de l'IVG.

Face au début de polémique, la ministre a répliqué : "Pour info et face à ce déferlement de haine juste gratuit. Cette visite s’inscrivait dans le cadre de la labelisation (sic) en centre de compétences déficiences intellectuelles rares. Mes positions sur pma, ivg constitution et fin de vie sont connues… Et pour ceux que ça dérangent (sic) la démocratie c’est aussi échanger avec les personnes qui ne partagent pas vos idées. Et en l’occurrence, j’ai eu avec les pros de santé de cet institut un échange sur la fin de vie", se justifie-t-elle sur X.

Pour la fondation Lejeune, "la meilleure protection pour les enfants handicapés, c’est un papa et une maman".

Une fondation, fer de lance du mouvement pro-vie français, dans le viseur depuis de nombreuses années. En 2013, alors que sa directrice de la communication est Ludovine de La Rochère, également présidente de la Manif pour tous qui se mobilise contre le mariage homosexuel, les militants d'Act-up déversent de la peinture rouge sur la façade de la fondation. Jean-Marie Le Mené défend alors Ludovine de la Rochère et rappelle que "pour nous, la meilleure protection pour les enfants handicapés, c’est un papa et une maman".

En 2016, la fondation est au coeur d'une polémique après la distribution d'un manuel anti-IVG dans un lycée privé de Montpellier. "Ces contenus prouvent qu'il est temps de protéger les jeunes et les femmes contre ces falsifications. La liberté d'opinion et d'expression n'inclut pas le droit au mensonge, sur des sujets aussi graves que la contraception et l'IVG", réagissait Laurence Rossignol, la ministre de la Famille, de l'Enfance et des Droits des Femmes, auprès de Libération, avant de souligner l'importance de "parler de ces sites et de ces documents de propagande" qui "avancent masqués" afin de les "dénoncer" et de les "démasquer".

Des scientifiques "mettaient en garde" contre la fondation

En 2017 dans une tribune publiée dans Le Monde, 146 scientifiques "mettaient en garde" contre la fondation, dénonçant ses prises de position contre les recherches sur l’embryon et contre l’avortement. "Depuis quelques années", écrivent les médecins signataires, la Fondation Lejeune, proche de la Manif pour tous cherche à "bloquer les recherches sur l'embryon et les cellules-souches embryonnaires" en multipliant les actions judiciaires à l'encontre des autorisations délivrées par l'Agence de biomédecine en la matière, "alors même que ces recherches présentent un intérêt scientifique et médical indéniable pour la société".

Les signataires s'indignent aussi des multiples prises de position de l'institution, "pas seulement les domaines médicaux ou scientifiques, mais aussi, de plus en plus souvent, dans les champs sociaux et politiques".

VIDÉO - VOICI : Qui est Agnès Firmin-Le Bodo, la nouvelle ministre de la Santé par intérim ?