Une nouvelle guérison probable du VIH, le troisième cas au monde

Destruction du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), illustration informatique.

Un consortium international de chercheurs présente le cas d’un homme, « le patient de Düsseldorf », en probable guérison du VIH suite à une greffe de moelle osseuse. Ce serait le troisième cas de guérison de l’infection par le VIH dans le monde.

VIRUS - Le « patient de Düsseldorf » serait le troisième cas de guérison de l’infection du VIH (virus de l’immunodéficience humaine) dans le monde. Cet homme, suivi à l’hôpital universitaire de Düsseldorf, a interrompu depuis quatre ans son traitement antirétroviral, après avoir reçu une greffe de cellules-souches pour traiter une leucémie. Ce qui permet au consortium international IciStem d’annoncer ce 20 février, dans Nature Medicine, qu’il est « probablement guéri de l’infection par le VIH ».

L’annonce est de taille : jusqu’ici, seuls deux cas de patients en guérison du VIH avaient été déclarés, le « patient de Berlin » en 2009 et le « patient de Londres » en 2019. L’histoire de ce patient, suivi à Düsseldorf, commence en 2008, lorsqu’il est diagnostiqué pour une infection par le VIH. Il commence en 2010 un traitement antirétroviral, qui lui permet de contrôler l’infection et de réduire la quantité de virus à des niveaux indétectables dans le sang, comme la plupart des personnes sous traitement.

En 2011, on découvre sur ce patient une leucémie, un cancer des cellules du système immunitaire localisé dans la moelle osseuse. Après une chimiothérapie et une rechute, il doit recevoir en 2013 une greffe de cellules-souches, issues d’un donneur anonyme. Dans un premier temps, un donneur dont les caractéristiques immunogénétiques sont compatibles avec le patient est recherché. Puis, au sein de ce groupe présélectionné, un donneur portant la mutation « CCR5 delta-32 » est recherché.

La mutation « CCR5 delta-32 »

En effet, cette mutation génétique est connue pour empêcher l’entrée du VIH dans les cellules et donc protéger de l’infection. « On sait que le virus du VIH a pour cible les cellules du système immunitaire. Lors d’une greffe de moelle osseuse, les cellules immunitaires du patient sont ainsi remplacées intégralement par celles du donneur, ce qui permet de faire disparaître l’immense majorité des cellules infectées », explique dans le communiqué de presse Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur - qui fait partie du consortium -, et l’un des principaux auteurs de l’étude.

Pour que cette greffe, qui en elle-même représente un défi médical, aboutisse, il aura fallu que de nombreuses planètes s’alignent. « Étant donné que moins de 1 % de la population générale porte cette mutation protectrice du VIH, il est très rare qu’un donneur de moelle compatible ait cette mutation. Au final, il s’agit d’une situation exceptionnelle quand tous ces facteurs coïncident pour que cette greffe soit un double succès de guérison, de la leucémie et du VIH », ajoute le chercheur.

Plus de cinq ans après la greffe, et après avoir traversé diverses complications, le patient, âgé aujourd’hui de 53 ans, s’est stabilisé. En 2018, l’équipe médicale ne détectait plus la présence de virus et a planifié avec le patient un arrêt surveillé du traitement antirétroviral contre le VIH. L’équipe médicale a suivi le patient pendant 44 mois et n’a détecté aucune trace de particule virale ou de réservoir viral activable dans le sang ou les tissus du patient. Il n’a pas non plus été détecté d’activation des réponses immunitaires caractéristiques de l’infection VIH. Aujourd’hui, le « patient de Düsseldorf » est en bonne santé.

Une technique « pas adaptable » à tous les patients

Cependant, la stratégie thérapeutique décrite dans cette étude est « très agressive et n’est pas adaptable au reste de la population vivant avec le VIH », précise le communiqué. La greffe de cellules-souches ne s’applique qu’aux personnes souffrant d’une maladie hématologique - qui touche les éléments constituant le sang - et pour qui aucune autre d’alternative thérapeutique existe. Dans le cas des personnes vivant avec le VIH, le traitement antirétroviral est actuellement la meilleure alternative thérapeutique.

Quarante ans après la découverte du virus responsable du sida en 1983 à l’Institut Pasteur, le « patient de Düsseldorf » prouve une nouvelle fois qu’il existe une possibilité de guérir le VIH et donne de l’espoir à la communauté scientifique. « Différentes stratégies sont à l’étude. Certaines cherchent à cibler et éliminer spécifiquement les cellules infectées, d’autres à rendre les cellules résistantes à l’infection sans passer par une greffe en introduisant par exemple la mutation CCR5 delta-32 via une thérapie génique, et, enfin, d’autres stratégies visent à optimiser les réponses immunitaires contre le virus » complète Asier Sáez-Cirión.

VIDÉO - Journée mondiale de lutte contre le sida - Déclic - David : "J'ai été contaminé au VIH après un rapport oro-génital"

Lire aussi

Préservatifs gratuits : le succès de la mesure « montre que les jeunes ont envie de se protéger »

Ce type de stérilet hormonal est lié à des risques accrus de troubles dépressifs