"Une nouvelle doctrine": à Mayotte, le Samu désormais escorté par les forces de l'ordre pour ses interventions nocturnes

Le personnel du Samu de l'archipel a fait valoir son droit de retrait après une violente agression survenue dans la nuit de lundi à mardi dernier.

Un ras-le-bol général et un sentiment d'abandon. Plus tôt cette semaine, le personnel du Samu de Mayotte a fait valoir son droit de retrait et organisé une manifestation devant le CHU de Mamoudzou après une agression survenue dans la nuit de lundi à mardi. Ce jour-là, un équipage du Samu, en pleine intervention, est pris pour cible par plusieurs individus qui ont tenté de violemment les détrousser.

"Il y a trois individus qui surgissent armés de grosses machettes. Deux d’entre eux s’introduisent dans la cabine du conducteur, se jettent sur la clé de contact, arrêtent le moteur, lui demandent d’arrêter les gyrophares, et lui demandent de donner son portable et ce qu’il a sur lui", indique, auprès de BFMTV, Nora Oulehri, directrice du Samu de l'archipel.

Agressions à répétition

Mardi, cette dernière avait annoncé qu'elle n'engagerait plus de véhicule de secours la nuit sur l'île en raison de la situation sécuritaire très difficile. En l'espace d'un mois, quatre patients en urgence vitale n'ont pu être secourus à cause de barrages ou d’affrontements dans le nord de Mayotte.

Finalement, la situation s'est débloquée jeudi après que la décision a été prise d'escorter chacun des véhicules du Samu par les forces de l'ordre lors d'interventions nocturnes.

"On va travailler une nouvelle doctrine avec les forces de l’ordre, sur le même principe que celle des tueries de masse en métropole, pour faire des couloirs d’extraction des victimes vers nous, pas avec les pompiers mais les forces de l’ordre", détaille Nora Oulehri, toujours à notre antenne.

"C'est un dispositif unique et innovant (...) sur la base de la demande du médecin régulateur qui engage un véhicule de transport sanitaire ou d'urgence, une escorte est également déclenchée, soit police soit gendarmerie" selon la zone d'intervention, a précisé le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, Olivier Brahic.

"Le sujet à Mayotte c’est notre survie"

Mayotte est confrontée à des épisodes de violence depuis plusieurs semaines, marqués par une recrudescence des affrontements entre bandes de jeunes de villages rivaux. Face à cette situation qualifiée d'insurrectionnelle, plusieurs élus locaux ont réclamé la mise en place de l'état d'urgence.

"Le fond du problème c’est que la moitié de la population est étrangère, largement en situation irrégulière, des dizaines de milliers d’enfants qui sont abandonnés à eux-mêmes et se constituent en bande. Aujourd’hui, le sujet à Mayotte c’est notre survie", indique, à BFMTV, Estelle Youssouffa, députée de la 1ere circonscription de l'archipel.

Après plusieurs agressions et affrontements en marge de matches de football le week-end dernier, qui ont causé la mort d'un supporter à Tsingoni (ouest) et la grave blessure d'un joueur de 15 ans à Ouangani (centre), la préfecture de Mayotte a par ailleurs interdit pour deux semaines les compétitions de football, handball et basket-ball.

"En fonction de l'évolution du contexte sécuritaire, cette interdiction pourra être prolongée dans le temps et/ou étendue à d'autres manifestations sportives", a précisé la préfecture dans un communiqué.

Article original publié sur BFMTV.com

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