Nouvelle-Calédonie : qu’est-ce que la CCAT, cette cellule ciblée par Gérald Darmanin ?

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, évoque les tensions en Nouvelle-Calédonie sur le plateau de Télématin jeudi 16 mai.
Capture d’écran / France 2 Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, évoque les tensions en Nouvelle-Calédonie sur le plateau de Télématin jeudi 16 mai.

FRANCE - « C’est le CCAT le problème ! » Alors que la Nouvelle-Calédonie s’embrase, Gérald Darmanin pointe depuis deux jours un groupe en particulier : la CCCAT, pour Cellule de coordination des actions sur le terrain. « J’ai assigné à résidence un certain nombre de leurs dirigeants et je continuerai à le faire, l’état d’urgence me le permet », a déclaré le ministre de l’Intérieur, ce jeudi 16 mai.

En Nouvelle-Calédonie, cette révision constitutionnelle qui embrase l’archipel

Gérald Darmanin indique ainsi avoir assigné à résidence « dix leaders mafieux du CCAT » dans la soirée de mercredi, avant d’ajouter que « plus d’une vingtaine d’assignations supplémentaires » à l’encontre de membres du groupe indépendantiste seront prononcées ce jeudi. Cette organisation « est mafieuse, violente, commet des pillages, des meurtres » et n’est « pas politique », a-t-il martelé, au micro de France 2.

Des propos qui font écho à ceux du Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, le représentant de l’État français sur place, qui déclarait mercredi que « la CCAT est une organisation de voyous qui se livre à des actes de violences caractérisés, avec la volonté de tuer des policiers, des gendarmes, des forces de l’ordre ».

La CCAT « n’est pas un groupe terroriste ou un groupe mafieux comme certains responsables politiques veulent le faire croire », a de son côté rétorqué à ces responsables le conseil national des chefs de Kanaky.

Plusieurs manifestations ces six derniers mois

La cellule a été créée fin 2023, à la suite d’un congrès du parti indépendantiste l’Union calédonienne. Depuis, elle a appelé à plusieurs reprises à la mobilisation contre la réforme constitutionnelle portée par le gouvernement, qui vise à élargir le corps électoral sur place.

Ces manifestations ont progressivement rassemblé de plus en plus d’habitants de l’archipel, comme le raconte auprès de Mediapart Romuald Pidjot, le secrétaire adjoint de l’Union calédonienne : « Le 25 novembre 2023 on était 3 000, le 28 mars on était près de 15 000, et le 13 avril nous avons organisé un sit-in historique, place de la Paix, avec 60 000 personnes [soit environ un quart de la population en Nouvelle-Calédonie]. »

« On espérait qu’avec cette méthode le ministre entende, mais il n’a rien entendu », regrette-t-il. La cellule a ensuite accentué la pression à l’approche du vote cette semaine de la réforme constitutionnelle en lançant l’initiative « 10 jours pour Kanaky », c’est-à-dire dix jours de mobilisation depuis le 4 mai. La tension avait ainsi commencé à monter la semaine passée, avec plusieurs interpellations au cours de l’une de ces manifestations jeudi dernier.

La CCAT appelle à « l’apaisement » et continue ses actions

Mais malgré la forte opposition des indépendantistes, le Parlement a donc adopté l’élargissement du corps électoral aux élections provinciales, un scrutin crucial pour l’archipel. Les partisans de l’indépendance jugent que ce dégel risque de « minoriser encore plus le peuple autochtone kanak ». Et pour cause : jusqu’alors, seuls les Kanaks, les résidents établis dans l’archipel avant 1998 ainsi que leurs descendants, avaient le droit de participer aux élections locales. Ce qui pourrait changer si la réforme constitutionnelle est votée par le Congrès, qu’Emmanuel Macron compte réunir avant la fin juin, sauf si un accord est trouvé entre les différentes parties en Nouvelle-Calédonie.

Le vote de cette réforme a suscité la colère des indépendantistes et de nombreuses violences ont éclaté depuis lundi. Ces trois nuits d’émeutes ont fait quatre morts, dont un gendarme, atteint par balles. Tout comme les différents responsables politiques, la CCAT a appelé à « l’apaisement et au respect des consignes ».

« Les exactions commises sur les commerces, les sociétés, les bâtiments et les équipements publics n’étaient pas nécessaires, mais elles sont l’expression des invisibles de la société qui subissent les inégalités de plein fouet et sont marginalisés au quotidien », a également indiqué la cellule dans un communiqué mercredi. Elle encourage néanmoins au maintien de ses actions sur le terrain « de manière pacifique », et l’assure : « Nous ne reculerons jamais et notre détermination restera indéfectible jusqu’à l’indépendance et l’avènement de la République de Kanaky ».

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