Nouvelle-Calédonie : le projet de révision constitutionnelle adopté à l’Assemblée, Macron pose un ultimatum

Les députés réunis à l’Assemblée nationale pour voter la révision constitutionnelle en Nouvelle-Calédonie le 14 mai 2024.
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Les députés réunis à l’Assemblée nationale pour voter la révision constitutionnelle en Nouvelle-Calédonie le 14 mai 2024.

POLITIQUE - Feu vert. L’Assemblée nationale a adopté ce mardi 14 mai le projet de loi sur la révision constitutionnelle pour la Nouvelle-Calédonie, malgré les manifestations qui secouent Nouméa depuis plusieurs jours et menées par les indépendantistes opposés à la réforme.

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351 députés se sont prononcés en faveur du projet de loi, 153 contre comme vous pouvez le voir ci-dessous dans la vidéo publiée par LCP un peu après minuit. Le RN et Les Républicains ont largement voté pour, comme l’écrasante majorité du camp présidentiel, à l’exception d’une poignée de députés MoDem. Un dernier vote des 3/5e des parlementaires réunis en Congrès serait nécessaire pour entériner cette réforme.

Emmanuel Macron, qui avait promis de ne pas convoquer le Congrès dans la foulée du vote, a posé un ultimatum après l’adoption par l’Assemblée. « Il s’agira, collectivement et en responsabilité, de trouver un accord qui dépasse le seul dégel (du corps électoral, ndlr) et tienne compte du chemin parcouru et des aspirations de chacun », écrit-il dans un courrier aux représentants calédoniens. « En l’absence » d’un tel accord, « le Congrès se réunirait avant la fin juin », a-t-il ajouté.

Le chef de l’Était précise avoir demandé au Premier ministre Gabriel Attal et au ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer Gérald Darmanin de recevoir les « représentants des forces politiques indépendantistes et non indépendantistes à Paris ».

Le Premier ministre et le ministre « fixeront une date dans les prochaines semaines », poursuit-il. Le souhait, côté exécutif, est que la rencontre puisse se faire le plus rapidement possible. « Dès à présent, ils se tiennent à votre disposition pour organiser votre venue à Paris et pour créer les conditions d’un dialogue qui engage les uns et les autres », souligne le chef de l’Était.

Les manifestations se poursuivent

Le texte voté vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l’archipel du Pacifique sud. Celui-ci se limite essentiellement aux électeurs inscrits sur les listes pour une précédente consultation en 1998 et à leurs descendants, excluant de facto les résidents arrivés après 1998 et de nombreux natifs.

Les partisans de l’indépendance jugent que ce dégel risque de « minoriser encore plus le peuple autochtone kanak », et de très fortes violences ont émaillé la nuit de lundi à mardi en Nouvelle-Calédonie, avec des magasins pillés, des maisons incendiées, et des tirs sur les gendarmes.

Au même moment du vote, le Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie annonçait dans un communiqué que plus de 130 personnes ont été interpellées en durant les émeutes qui secouent l’archipel depuis lundi. « Plusieurs dizaines d’émeutiers ont été placés en garde à vue et seront présentés à la justice », est-il aussi écrit dans ce texte.

« Les graves troubles à l’ordre public sont toujours en cours », selon le communiqué qui fait état de « nombreux incendies et pillages de commerces, d’infrastructures et d’établissements publics dont plusieurs écoles et collèges ». Emmanuel Macron a dénoncé les violences « indignes » et appelé au calme dans la nuit de mardi à mercredi.

Les établissements scolaires « resteront fermés jusqu’à nouvel ordre », a par ailleurs annoncé le gouvernement. L’aéroport de La Tontoura « reste fermé aux vols commerciaux », selon le Haut-commissariat. Une nouvelle rébellion avec tentative d’évasion s’est déroulée au centre pénitentiaire de Nouméa « mise en échec par les forces de sécurité », selon la même source.

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