Des nounous de nuit payées par les entreprises : une bonne idée ?

Au Royaume-Uni, mais aussi aux États-Unis, de plus en plus d’entreprises offrent à leurs employés qui viennent d’avoir un enfant une nounou de nuit, rapporte le Financial Times. Il s’agit de professionnels de la petite enfance qui viennent au domicile du ou des parents de 21 heures ou 22 heures à 6 heures ou 7 heures le lendemain, pour s’occuper d’un bébé et leur permettre de dormir.

Comme Auctionomics, une petite entreprise spécialisée dans la conception et la gestion d’enchères de plusieurs milliards de dollars, Apolitical, une plateforme pour les fonctionnaires britanniques, a mis en place cette mesure. L’entreprise propose quatre mois de congé maternité payés. Les employées qui ne souhaitent pas prendre ce congé ou souhaitent en prendre seulement une partie peuvent avoir une nounou de nuit pour le reste du temps. Pour Robyn Scott, la fondatrice d’Apolitical, accorder cet “avantage était évident”, car cela permet de conserver les employés et de “les retrouver dans un état de fonctionnement optimal”.

Attention, cet avantage fait débat. En effet, “il existe de sérieuses réserves, note le quotidien britannique, notamment la crainte que cette allocation soit considérée comme un moyen d’encourager le personnel à retourner au bureau dans les premiers mois de la vie de leur enfant, plutôt que de les aider à prendre les congés auxquels ils ont droit”. Les femmes notamment pourraient se sentir obligées de reprendre le travail le plus tôt possible.

Pooja Warier Hamilton, directrice des partenariats d’Apolitical, évoque le risque d’un “syndrome de super-héros”. Robyn Scott en convient elle-même : ce type d’avantage n’est positif que quand il s’accompagne d’autres mesures de soutien aux salariés parents. Colleen Ammerman, directrice de l’initiative Race, Gender & Equity à la Harvard Business School, affirme que les employés qui utilisent cet avantage ou d’autres liés à la parentalité pourraient à l’inverse être perçus comme “sous-performants” car aidés.

Selon Rachel Carrell, fondatrice et directrice générale d’une agence de garde d’enfants située à Londres, les nounous de nuit sont populaires parmi les entrepreneurs et les avocats. Denise Iacona Stern, la directrice d’une autre entreprise spécialisée dans les nounous de nuit, ajoute que les familles où les deux parents travaillent, avec des jumeaux, ou sans soutien familial sont les plus demandeuses. Shannon Sullivan, professeure clinicienne de médecine du sommeil à la faculté de médecine de l’université de Stanford, a constaté que “des changements sociétaux plus larges”, comme l’éloignement d’avec les grands-parents et un âge plus tardif pour avoir des enfants, expliquent l’attrait pour ce mode de garde nocturne. “Il y a un vide”, constate-t-elle.

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