Norvège : Greta Thunberg et des militants protestent contre des éoliennes "illégales"

Greta Thunberg à Oslo en Norvège le 27 février 2023. - OLE BERG-RUSTEN / NTB / AFP
Greta Thunberg à Oslo en Norvège le 27 février 2023. - OLE BERG-RUSTEN / NTB / AFP

La jeune activiste suédoise s'est affichée aux côtés de militants samis, seule peuple autochtone d'Europe, qui protestent contre des éoliennes déclarées "illégales" par la Cour suprême norvégienne.

Greta Thunberg et des dizaines de militants samis en costume traditionnel ont bloqué lundi l'entrée du ministère norvégien de l'Energie pour protester contre des éoliennes toujours en place malgré une décision de justice.

"Nous ne pouvons pas utiliser la prétendue transition climatique comme couverture pour du colonialisme", a déclaré la jeune Suédoise, connue comme pourfendeuse des énergies fossiles, alors qu'elle bloquait les portes du ministère à Oslo.

"Une transition climatique qui viole les droits de l'Homme n'est pas une transition climatique digne de ce nom et on doit donc se dresser contre les violations des droits de l'Homme qui se produisent ici", a-t-elle dit au micro de la chaîne TV2.

Selon les médias norvégiens, elle a quitté les lieux en fin d'après-midi mais a promis d'y revenir mardi.

Des éoliennes déclarées illégales par la Cour suprême norvégienne

Les militants protestent contre le maintien en exploitation d'éoliennes, dans la région de Fosen, dans l'ouest de la Norvège, qu'ils qualifient d'"illégales" depuis une décision de la Cour suprême norvégienne il y a 500 jours.

La plus haute instance judiciaire du pays avait conclu en octobre 2021 que le projet bafouait le droit de familles samies à pratiquer leur culture, à savoir l'élevage de rennes, en violation d'un texte de l'ONU relatif aux droits civils et politiques.

S'ils avaient à l'unanimité jugé invalides les autorisations accordées pour la construction des 151 turbines, les 11 magistrats n'avaient en revanche rien dit sur le sort à leur réserver.

"Si nos droits fondamentaux ne sont pas respectés, alors je ne sais pas dans quel Etat on doit avoir confiance", a protesté Ella Marie Haetta Isaksen, musicienne et militante samie, auprès de TV2.

Des expertises complémentaires demandées

Dans la nuit de dimanche à lundi, la police norvégienne avait évacué de force une douzaine de militants qui occupaient depuis jeudi le hall d'entrée du ministère du Pétrole et de l'Energie, aujourd'hui cerné de tentes d'activistes.

Les représentants de la minorité samie (anciennement Lapons), seul peuple autochtone d'Europe, réclament la démolition des turbines. Les autorités norvégiennes ont jusqu'ici temporisé en ordonnant des expertises complémentaires.

"Nous comprenons que cette affaire est un lourd fardeau pour les éleveurs de rennes samis de Fosen, mais même si la Cour suprême a estimé que les permis accordés violent la protection juridique des éleveurs de rennes, elle n'a pas pris de décision sur ce qu'il adviendra" des éoliennes, a commenté le ministre Terje Aasland lundi.

"C'est ce que nous cherchons maintenant à déterminer. Changer les permis à Fosen exige que la question soit suffisamment étudiée et une actualisation des données est nécessaire", a-t-il affirmé dans un courriel envoyé par ses services.

Le Premier ministre Jonas Gahr Støre a dit "comprendre la frustration" et assuré que son gouvernement se plierait à la décision de la Cour suprême, évoquant des aménagements pour assurer une coexistence entre énergéticiens et éleveurs.

Le bâtiment bloqué abritant plusieurs services, les fonctionnaires de six ministères avaient été conviés à rester en télétravail lundi.

Article original publié sur BFMTV.com

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