Les noms « offensants » d’une centaine d’oiseaux vont changer aux États-Unis

Les noms « offensants » d’une centaine d’oiseaux vont changer aux États-Unis
wikipedia Les noms « offensants » d’une centaine d’oiseaux vont changer aux États-Unis

ANIMAUX - Fini les noms d’oiseaux ! La Société américaine d’ornithologie (AOS) a annoncé ce mercredi 1er novembre qu’elle allait rebaptiser une centaine d’espèces nommées en hommage à des personnalités, au rythme de dix par an. Depuis le XIXe siècle, explique ainsi l’AOS, l’attribution de noms aux volatiles a été « assombrie par le racisme et la misogynie », un écueil qu’il était donc temps de réparer, selon l’organisation.

Fini, par exemple, l’Audubon’s Shearwater (Puffin d’Audubon en France). Cet oiseau marin porte le nom du naturaliste franco-américain John James Audubon, l’un des plus célèbres ornithologues ayant jamais vécu aux États-Unis. Oui mais voilà, Audubon n’était pas seulement un professionnel de la nature, il était aussi un propriétaire terrien qui s’est opposé de toutes ses forces à l’abolition de l’esclavage dans les années 1860.

Même destin pour Meriwether Lewis et William Clark, comme l’explique dans un rapport le comité ad hoc de la Société américaine d’ornithologie. Considérés par l’histoire américaine comme des pionniers ayant, sur ordre de Jefferson, exploré la Louisiane juste après son rachat à la France en 1803, ils sont aussi vus par certains « comme des figures clés de l’expansion coloniale et de l’épuration ethnique » des populations indiennes autochtones, ajoute le comité.

Les patronymes, ces « mauvais descripteurs »

Un vent de « cancel culture » diront certains ? C’est justement pour éviter ce procès que l’AOS a décidé d’en finir avec tous les noms d’oiseaux anglais tirés de vraies personnes (les appellations latines resteront inchangées). L’objectif avoué, c’est de gommer les sujets de conflits mémoriels sans devenir une « police de la moralité », d’après le comité lui-même. Exit donc les figures les plus populaires de l’histoire politique Américaine, tels Lincoln, Jefferson ou Washington, qui ne devraient plus être accolés à des plumes d’oiseaux.

De plus, « les noms de famille sont de mauvais descripteurs », justifie-t-il. Autrement dit, il est facile de comprendre qu’une mésange huppée est une mésange dotée d’une huppe que si elle s’appelait « mésange Chirac » ou « mésange de Gaulle ».

Cette décision se veut également plus inclusive, y compris vis-à-vis des femmes. Comme le note ainsi l’AOS, ce sont quasi exclusivement des hommes blancs à qui l’on rend hommage, à l’exception d’une poignée comme le Lucy’s Warbler (la paruline de Lucy en français). On omet donc tous ceux, et surtout toutes celles, qui ont également œuvré, parfois à leurs côtés, à améliorer notre connaissance de la nature.

Cette réforme est loin, outre-atlantique, d’être l’idée des seuls amoureux des oiseaux. Comme l’indique le New York Times, il y a deux ans déjà, c’est la Société entomologique américaine qui annonçait vouloir gommer les noms offensants parmi les espèces d’insecte. La gipsy moth (bombyx disparate en français), dont le nom pouvait se traduire par « mite gitane », est ainsi devenue spongy moth, mite spongieuse.

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