En nommant un Premier ministre civil, la junte nigérienne s’institutionnalise

Pendant que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) procrastine, et alors même que la pression s’accentue en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel, la junte nigérienne, elle, continue son petit bonhomme de chemin.

En effet, après avoir, par décret, fixé et défini la composition et le fonctionnement du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le nouvel homme fort de Niamey qu’est le général Abdourahamane Tchiani a procédé, le 7 août dernier, à la nomination d’un Premier ministre.

Un Premier ministre “techno”

Il s’agit de l’économiste Ali Mahaman Lamine Zeine, un homme bien connu du sérail au regard des postes de responsabilités qu’il a déjà occupés. Directeur de cabinet à la présidence sous Mamadou Tandja, le nouveau chef du gouvernement nigérien, qui a la lourde tâche de redresser la situation économique et financière catastrophique que vit le Niger, fut ministre des Finances de 2002 jusqu’à la chute du régime de l’homme du tazartché [ce mot, signifiant “continuité” en langue haoussa, majoritaire au Niger, est devenu le slogan des partisans du président Tandja] en 2010, à la suite du coup de force perpétré par le commandant Salou Djibo.

C’est donc une personnalité bien au fait des questions économiques et financières, d’autant qu’il a été, tour à tour, représentant-résident de la Banque africaine de développement (BAD) au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon.

En promouvant donc ce civil qui a le profil de l’emploi à la tête du gouvernement, et ce dans un contexte de crise, les putschistes cherchent à couper l’herbe sous les pieds de la Cedeao, qui, après avoir, entre-temps, bandé les muscles, donne l’impression de s’être dégonflée comme un ballon de baudruche. Ils voudraient tailler des croupières à l’organisation ouest-africaine en la mettant devant le fait accompli qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement, d’autant plus que la menace d’une intervention militaire semble de plus en plus écartée.

En tout cas, en attendant de prendre connaissance des décisions qui seront prises à l’issue du sommet d’Abuja, prévu pour [le jeudi] 10 août 2023, on peut affirmer que la Cedeao se trouve dans une mauvaise passe, décriée qu’elle est par les peuples, qui la considèrent comme un instrument à la solde des impérialistes et de leurs valets locaux.

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